La crise belge = Leterme I s’en va…
(B2) Alors qu’une majorité de Belges est en vacances, le gouvernement de coalition fédéral a choisi de se saborder. Lundi soir, le Premier ministre, Yves Leterme a pris le chemin du Palais royal, pour annoncer au Roi sa démission. Une décision, surprise, prise au terme d’une longue réunion des chefs de son parti, le CD&V, les sociaux-chrétiens flamands. Le Premier ministre belge s'était donné jusqu'au 15 juillet pour parvenir à un accord entre partis flamands et francophones sur une réforme des institutions. Mais il n’y est pas arrivé. Les partis flamands exigent, en effet, la scission du seul arrondissement électoral bilingue du pays, celui de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Une mesure qui peut paraître symbolique mais qui hérisse les francophones car concrètement il les obligerait à voter uniquement pour des listes flamandes aux législatives. Ceux-ci proposent plutôt d’élargir les limites de la région de Bruxelles à certaines communes proche de Flandre. Une solution qui fait bondir les Flamands. On l’aura compris, la situation est bloquée. Une situation absurde comme la Belgique les aime !
Derrière cette passe d’armes, c’est le changement du régime constitutionnel de la Belgique qui est en jeu. Le système politique belge – où certaines tâches sont ultra-centralisées (la fiscalité) et d’autres complètement décentralisées (l’économie) - semble avoir vécu. Les Flamands réclament non pas l’éclatement du pays mais une autonomie plus large des Régions, en quelque sorte une Confédération au lieu d’une fédération…
Du coup, les Partis politiques belges sont repartis « en concertation » pour chercher quelle combinaison gouvernementale ou politique pourrait sortir la Belgique de la crise. Et les « démineurs » de chaque parti échafaudent des solutions. Au final, c’est le Roi qui devra décider. Il peut refuser ou accepter la démission, reconduire le démissionnaire ou désigner un nouveau Premier ministre. Si Yves Leterme – élu avec près de 800 000 voix de préférence en Flandre – pourrait être ainsi redésigné, le nom du francophone libéral, et actuel ministre des Finances, Didier Reynders, circule aussi. En attendant, le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes. Une habitude en Belgique. Car si la crise paraît grave, le système politique belge est ainsi fait que le niveau fédéral a peu de pouvoirs, comparé au pouvoir central français.