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Eufor Tchad 4: l’importance du renseignement

salle de briefing à l'aéroport de n'Djamena (© NGV / B2 - tous droits de reproduction réservés)

(BRUXELLES2 à N'Djamena) La rumeur … étant une donnée fondamentale dans le pays, qu’il s’agisse de données stratégiques — attaque des rebelles, désertions, camps de réfugiés — ou plus banales — comme l’arrivée des pluies. « Même pour la saison des pluies, je n’arrive pas vraiment à savoir quand elle arrive » explique ironique un militaire. Coté sécuritaire, explique un spécialiste du renseignement, c’est clair « nous sommes sur une poudrière. Ca peut péter d’un instant à l’autre. » « Ici, un simple accident de la route peut transformer une population accueillante, souriante, en autant d’individus hostiles » complète un gendarme. Et il y a un nombre de personnes armées, aux intentions difficiles à saisir: militaires réguliers en dérive, rebelles, bandits. Une situation d’autant plus compliquée que, souvent, les mêmes sont alternativement l’un et l’autre. D’où l’importance pour les militaires européens de disposer de leurs propres renseignements stratégiques.

Dans le ciel, les Mirages et drone, au sol les cellules civilo-militaires

Dans le ciel, l’Eufor peut utiliser des mirages F1 français – de reconnaissance, ou tactiques – capables d’aller très vite à l’autre bout du pays et d‘être ravitaillés en vol — et dispose d’un drone (CL-289), avion sans pilote, capable de rester longtemps dans un même point. Au sol, ce sont les équipes « d’en avant », forces spéciales essentiellement, ainsi que les patrouilles régulières, voire les cellules civilo-militaires qui sont chargées de récolter un maximum d’informations. Toutes ces informations atterrissent à la cellule J2 (renseignement) où elles sont croisées avec d'autres. Celle-ci dispose, en effet, également de « capteurs », contacts de la société civile qui sont à même de les informer de l’évolution de la situation, au travers de conversations somme toute banales, autour d’un verre de coca-cola ou d’une bière dans une taverne discrète de la ville ou au pied d’un arbre.

De l'importance relative de la photo...

Comme dans chaque opération multinationale (Otan ou UE), chaque Etat membre peut disposer d’une NIC (cellule nationale de renseignement) qui peut faire remonter certaines informations à son état-major. Ainsi, Paris comme Dublin, Londres, Varsovie ou Stockholm... peuvent avoir connaissance de certaines informations recueillies sur le terrain. Mais, ainsi que le précise un agent chargé de ce service, une « photo en soi ne veut rien dire. Il en faut plusieurs, avec des annotations, la date, et d'autres informations pour retracer une réalité ». Et, effectivement, quand on regarde une photo, il faut vraiment l’œil de l’expert pour discerner dans la petite tâche de quelques millimètres qu’il s’agit d’un « pick up de rebelles détruit », comme le mentionne la légende. Tout l’art du renseignement est donc de croiser les informations recueillies dans le ciel avec celles recueillies sur terre, ou au contact de certaines personnes.

Moyens de liaison

Du plus antique au plus moderne… Pour se relier, les militaires disposent de divers moyens : des systèmes radios modernes (VHS, satellite…) aux réseaux intérieurs « confidentiel défense » qui équipent tous les PC, en passant par le bon vieux morse – « bien utile parfois quand çà ne passe plus » explique un officier – ou tout simplement du simple Gsm. Les téléphones portables passent en effet parfaitement dans la capitale et à Abéché notamment. Le réseau internet est, en revanche, plutôt lent car surchargé.

(Paru dans Europolitique, avril 2008)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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