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Un compromis russo-américain, sans les Européens ?

(B2) Quelques jours avant le sommet de l’Otan, à Bucarest, les 4 et 5 avril, passés les gros mots, les Américains et Russes tentent de s'accorder.

Le principal enjeu de désaccord concerne le bouclier anti-missiles que les Etats-Unis veulent implanter en Pologne (dix anti-missiles d’interception) et en République tchèque (radar de surveillance), installation que les Russes considèrent comme une menace à leur intégrité territoriale. Après un dernier round de discussion à Moscou les 18 et 19 mars, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le chef du Pentagone Robert Gates ont remis aux Russes une proposition écrite de compromis. Et des discussions entre experts de haut niveau à Washington ont commencé le 26 mars ; John Rood, le sous-secrétaire d'Etat au contrôle des armements et à la sécurité internationale, conduisant la délégation américaine et Sergueï Kisliak, le vice-ministre des Affaires étrangères, la délégation russe.

La proposition américaine comporte plusieurs volets. Il s’agit tout d’abord d’une série d’engagements visant à limiter « l’agressivité » du bouclier vis-à-vis de la Russie. Aucun missile
intercepteur ne serait ainsi mis en exploitation, dans la base polonaise, avant que les Etats-Unis n'obtiennent la confirmation que l'Iran possède des missiles balistiques capables d'atteindre l'Europe. De même, le radar déployé en République tchèque n’aurait pas la possibilité de suivre des cibles sur le territoire russe. L’élément le plus novateur de cette proposition est la mise en place d’un contrôle conjoint russo-américain des installations. « Nous aurons la possibilité de contrôler l'activité du radar et l'état réel de la base des intercepteurs, aussi bien par le facteur humain que par des moyens techniques ». a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une interview aux Izvestia.

Les deux Etats européens les plus concernés – Pologne et République tchèque – assistent, un peu impuissants, à cet échange de bons procédés. Si à Prague, on n’est pas hostile à un tel contrôle — le
vice-premier ministre tchèque, Alexandr Vondra, a indiqué ne pas être contre le contrôle de deux officiers russes accrédités sur la base radar installée près de Brdy, à 90 kms au sud-ouest de Prague —, le sentiment semble plus mitigé à Varsovie. Quant à l’Union européenne, elle a choisi la voie du mutisme. Comme l’avait affirmé le représentant de la présidence slovène lors d'une session de la sous-commission Défense du Parlement européen, il s’agit d’une affaire bilatérale à régler d’abord au sein de l’Otan.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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