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Afrique Australe Centrale

Une force intérimaire de l’UE au Congo ?

(BRUXELLES2) C'est désormais non pas la volonté de la France ou de la Belgique. Mais une demande quasi-officielle du secrétaire général des Nations-Unies aux pays de l'Union européenne. L'Union européenne doit envoyer une force "intérimaire" en république démocratique du Congo (RDC, l'ex-Zaïre) a demandé Ban-Ki-Moon, contactant plusieurs pays européens, notamment l'ancienne puissance coloniale (la Belgique) et la présidence de l'Union européenne (France).

Une concertation d'urgence. Du coup Bernard Kouchner s'est fendu d'un nouveau communiqué : "J'ai demandé qu'un nouvel exercice de concertation se tienne d'urgence à Bruxelles, notamment pour examiner les suites à donner à la demande des Nations unies". Le COPS examine cette question dès ce mardi. Les ministres des affaires étrangères pourront également en parler, directement, dans les couloirs de l'Otan, mardi et mercredi (réunion du Conseil atlantique). Le COPS se réunira à nouveau vendredi. Et les Ministres se retrouveront, cette fois-ci sous la bannière de l'Union européenne, lundi 8 décembre...

Au pire, une coalition de bonnes volontés. L'idée est d'avoir entretemps, pendant "quatre à six mois, une opération proprement dite européenne sous commandement européen", a précisé ce week-end le ministre belge des Affaires étrangères, Karel de Gucht, à la RTBF, qui espère ainsi convaicre 3 ou 4 autres pays membres (*). Toute ressemblance bien sûr avec un battle group serait surranée ! A défaut d'une mission en tant que telle de l'UE, de Gucht préfère mettre en avant une "coalition de bonnes volontés". Mais, comme il l'avait confié à New York, il y a quelques jours, à quelques confrères, la Belgique est, en revanche, plus « réticente », à engager des troupes belges, dans son ancienne colonie, comme Casques bleus, en raison notamment de la structure de cette force onusienne et de ses règles d’engagement (les circonstances dans lesquelles les militaires peuvent faire usage de la force).

Ce sera la troisième tentative du couple franco-belge, uni pour l'occasion. Bernard Kouchner avait, le premier, avec les Belges, tiré la sonnette d'alarme, il y a quelques semaines, demandant l'intervention du battle group. En vain ( Lire "Je n'ai pas réussi à convaincre"). Les Français avaient tenté une deuxième tentative, en demandant aux Européens de s'engager dans un pont humanitaire. Nouvel échec (lire "la victoire de la vision britannique").

Saisissez la nuance... et tout le travail diplomatique qu'il y a derrière ! Après les appels de l'archevêque de Kinshasa, de députés du Nord-Kivu, des principales ONGs présentes et de 16 personnalités, tandis que la situation reste très tendue sur le terrain où la population est prise en otage du conflit, il sera difficile désormais aux Européens de laisser tomber le Congo ! D'autant qu'une difficulté supplémentaire est venue s'ajouter sur le renforcement de la Monuc. Le gouvernement de RDC a vertement fait savoir aux Nations-Unies qu'il ne voulait plus de forces indiennes dans l'est du pays. Or l'Inde est (avec le Malawi) un des seuls Etats à avoir promis des renforts... et que les preuves de crime de guerre s'accumulent.

Crimes de guerre. Comme l'a confirmé, vendredi, Jean-Baptiste Mattei, représentant de la France auprès des Nations unies à Genève et qui s'exprimait au nom de l'UE, précisant - lors d'une réunion d'urgence du Conseil des droits de l'homme de l'Onu consacrée au Congo, vendredi - que les deux camps procédaient à des exécutions et à des actes de torture dans la province du Nord-Kivu. Et Navi Pillay, haut commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme, "a relevé une détérioration constante de la situation des droits de l'homme", ajoutant que les violences sexuelles de la part de soldats congolais semblaient augmenter "dans leurs formes les plus brutales".

(*) Selon mes informations, outre la France et la Belgique, les Pays-Bas et la Suède (éventuellement la Finlande) pourraient soutenir une telle initiative. L'idéal serait qu'un autre "grand pays de la défense (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni) rejoigne ces "volontaires".

 (NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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