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PESD. La mission « Etat de droit » Kosovo prête à se déployer

(B2 - archives) Les 27 ministres de la Défense ont salué, le 19 novembre, les progrès faits par la mission PESD de préparation à l’Etat de droit.

La première mission civile de grande ampleur

Avec 1800 personnes, la mission civile européenne qui se déploiera au Kosovo sera la première de cette ampleur. Elle devrait comprendre environ 1800 personnes : 1400 policiers — dont 4 à 500 d'astreinte pour le maintien de l’ordre (« ce qui pour tout le Kosovo, n'est pas énorme ») –, 200 à 300 magistrats et juristes chargés de contribuer à l’État de droit, et une petite unité de douanes (environ 15 personnes). Le plein déploiement devrait avoir lieu dans les 120 jours du lancement officiel de l’opération, selon cinq vagues successives à partir du Jour J. « Il faut un peu de temps : des uniformes, des voitures, des laptops, toute une série de choses pratiques à mettre en place » explique un expert du dossier.

Une décision de lancement prête 

Les documents préparatoires — le concept de management de crise (CMC), le concept d’opération (CONOPS) et le plan d’opération (OpPlan) — sont « prêts, envisageant plusieurs éventualités, et peuvent être adaptés rapidement en dernière minute ». S’il y a une volonté politique, la « décision de lancement de l’opération peut donc être prise rapidement » affirme-t-on au team préparatoire. Une question toujours en suspens est celle du statut du Kosovo, et donc de la base juridique de l’opération : accord des deux parties (serbe et kosovare), nouvelle résolution de l’Onu ou demande officielle du nouveau gouvernement autoproclamé du Kosovo ?

Une soixantaine de personnes — venant de la plupart des États membres — sont déjà présentes au Kosovo pour préparer le déploiement, renforcés par une quarantaine d’agents locaux, soit cent personnes au total, sous la direction du diplomate danois Casper Klynge. NB : Seuls Chypre, l’Estonie, Malte, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie ne sont, pour l’instant, pas représentés.

Les effectifs à peu près fournis

D’ores-et-déjà, des pré-générations de force ont été opérées. Et selon, les responsables du team, les premières réponses sont satisfaisantes. La dernière date limite, le 16 novembre, a permis de le vérifier. Les effectifs sont à peu près fournis, venant de plusieurs États membres ainsi que d’États tiers. Devraient aussi participer à la mission : des Suisses, Norvégiens, Canadiens, Néo-zélandais et Américains. Si cette dernière option est confirmée, ce sera la « première fois », estime-t-on à Bruxelles, que des Américains seront sous commandement européen dans une opération civile de gestion de crise.

Si les autorités et la police (KPS) kosavares seront en première ligne, la mission européenne aura un rôle non négligeable sur plusieurs plans — la lutte contre la haute criminalité et les mafias, les crimes de guerre, notamment, ainsi que le renfort pour le maintien de l’ordre.

Une mission sous les ordres du Français De Kermabon

La mission PESD durera deux ans, renouvelables, et sera placée sous le commandement du général français revenu à la vie civile, Yves de Kermabon. Elle se déploiera aux cotés de l’Office civil international, chargé d’apporter un support administratif et économique aux autorités kosovares. Les deux entités étant sous la coupe du représentant spécial de l’UE et de la communauté internationale. C'est le Néerlandais Pieter Feith, actuellement directeur adjoint au Conseil pour la PESD, qui est le candidat pressenti.

Une situation sous contrôle

Concernant les risques de dérapage, si on est très conscient des difficultés de la mission, du côté européen, on conteste aussi l’idée d’un vide. « L’UNMIK reste sur place et ne devrait se désengager que quand la force UE sera en pleine capacité (soit au 121e jour). Il faudra une bonne coopération UE-UNMIK, s'il y a des problèmes. De plus, on a toujours les 16.000 hommes de la KFOR, qui restent toujours là. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

article publié dans Europolitique le 20 novembre 2007 et complété par B2

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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