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Anna Ibrisagic, un petit bout de femme qui ne s’en laisse pas compter

(Archives B2) « On a tiré peu d’enseignements des situations passées des Balkans. Il est grand temps que l’Europe se réveille ». Le ton est vif, précis, accusateur. Face au responsable européen de la mission de la PESD au Kosovo, le petit bout de femme qui parle, sur le rang des députés suédois, ne s’en laisse pas compter et secoue quelque peu cette séance de la sous-commission « Défense » du Parlement européen consacrée à l’avenir de l’ex-province yougoslave. Anna Ibrisagic sait de quoi elle parle.

Un petit bout de femme qui ne s’en laisse pas compter

Si cette ancienne chanteuse d’opéra est aujourd’hui une des eurodéputés du Royaume nordique, elle n’oublie pas son pays d’origine, la Bosnie-Herzégovine. Elle est née il y a 40 ans, en 1967 à Sanslu Most, près de Banja Luka. Et en 1992, quand elle arrive à Stockholm, ce n’est pas pour l’agrément, mais comme réfugiée politique. Peu nombreux sont alors les pays européens à accueillir à bras ouverts les réfugiés. La Suède recueillera ainsi près de 100.000 Bosniaques là la France n’en accepte que quelques centaines.

Entrée en politique avec Carl Bildt

Vite attirée par la politique, Anna Ibrisagic entre au parti « Modéré », le parti de « droite », six mois après son arrivée. « C’était bizarre de voir une réfugiée à peine arrivée, sans savoir si elle pouvait rester, s’engager ainsi » raconte-t-elle. Mais c’était sa manière, à elle, de s’intégrer… Deux ans plus tard, elle obtient son permis définitif de séjour et devient interprète auprès des tribunaux. Ce qui accélère son parcours est sa rencontre en 1995 avec Carl Bildt, membre du Parti et Ministre des affaires étrangères, qui la prend sous son aile. Il devient son mentor. Elle traduira son livre consacré à sa mission de paix en Bosnie.

Elue en 1998 comme conseillère municipale à Luleå, petite ville portuaire au nord de la Suède, elle devient députée nationale en 2002. Et aujourd’hui elle siège au Parlement européen, dans les rangs suédois, à des commissions prestigieuses comme la commission des affaires étrangères ou celle de la défense. Aujourd’hui, quand elle s’exprime sur les Balkans, d’un ton précis et vif, le silence se fait dans les rangs. On reconnaît sa connaissance du sujet.

Nicolas Gros-Verheyde

(paru dans Ouest-France, octobre 2007)

Lire aussi : La mission PESD au Kosovo. Mission à haut risque politique (Pieter Feith)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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