Galileo : un torpillage made in Usa
(archives) « l’Europe a décidé de ne pas être seulement consommatrice, mais de maîtriser son destin technologique » explique en 2002, lors du feu vert donné à Galileo par les '15', la commissaire européenne en charge du dossier, Loyola de Palacio (aujourd’hui décédée).
Un outil d'indépendance européenne
Dans son esprit, comme de celui de ses promoteurs, Galileo n’est pas seulement un programme de navigation par satellite, c’est un facteur « d’indépendance ». Les États-Unis, premiers visés, ne s’y trompent pas. Ils tentent tout, sinon pour bloquer le projet, du moins en diminuer l’impact, surtout au niveau militaire.
Un lobbying américain tout azimut
Un porte-parole du Département d’Etat (le ministère des Affaires étrangères américain) dénigre publiquement le projet, n’y voyant « aucune nécessité puisque le GPS répond aux utilisateurs du monde entier ». Paul Wolfowitz, alors secrétaire adjoint à la Défense, décrète que Galileo ne doit pas se déployer sur des endroits stratégiques ou que son signal puisse être brouillé par le GPS américain. Une lettre est envoyée à tous les députés européens pour démontrer le coût du projet. Plusieurs États membres sont approchés.
Un lobbying qui porte
Ce lobbying porte ses fruits, comme le raconte ma collègue Florence Autret, dans son ouvrage (1). Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Grèce en particulier deviennent, à l’intérieur de l’Union européenne, de fidèles gardiens de la « vocation civile » du système. Dans un accord signé avec le GPS américain, Galileo « renonce » à utiliser un signal radio super-performant. Ce qui limite son avantage concurrentiel.
L'Europe diversifie ses horizons
Mais l’Europe sait aussi se défendre. En signant des accords avec une dizaine de pays — Chine, Inde ou Israël… —, Galileo acquiert rapidement une stature internationale. Et la question de l’usage par les militaires du système n’a jamais été coulée dans le marbre. Contrairement à ce veulent ou disent certains...
(Nicolas Gros-Verheyde)
- « L’Amérique à Bruxelles », Florence Autret, Ed. Seuil, 230 p., 18 €
Article paru dans Ouest-france en mai 2007 dans une version plus courte