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Après les attentats de Londres, 20 mesures contre le terrorisme

Photo de famille, au premier plan Charles Clarke, à l'arrière Catherine Ashton (crédit : CUE - archives B2 juillet 2005)
Photo de famille, au premier plan Charles Clarke, à l'arrière Catherine Ashton (crédit : CUE - archives B2 juillet 2005)

(archives B2 *) Expédiée en à peu près deux heures, la réunion spéciale des ministres de la Justice et de l’Intérieur consacrée au terrorisme à Bruxelles, ce 13 juillet,

était avant tout l’occasion d’exprimer la « solidarité des Européens avec les Britanniques » après les attentats de Londres. Les 25 ont surtout repris à leur compte les plans anti-terroristes établis en 2001 et 2004 (après les attentats de New-York et Madrid). En remettant à jour le calendrier, celui-ci ayant souvent été dépassé.

L'agenda remis à jour

Les ministres ont ainsi rappelé la nécessité d’aboutir rapidement sur une vingtaine de textes à commencer par la possibilité donnée aux services de police de garder trace des appels téléphoniques, le mandat d’obtention des preuves, l’échange d’informations sur les infractions terroristes entre autorités judiciaires et policières, la communication des dossiers à Europol et Eurojust de tous les dossiers « terroristes ». D'ici octobre 2005, ils ont opté pour l'interconnexion de tous les fichiers Schengen, Visas, Asile et encouragent à l’ajout de données biométriques pour les pièces d’identité.

Lutte contre le financement du terrorisme

Les 25 ont également défini quelques priorités sur le financement du terrorisme, pour s’adapter au financement du terrorisme en allant vers l’agent liquide et organisations caritatives. Ils ont également appelé à l’intégration dans toutes les cartes d’identité en Europe d’éléments biométriques (photo ou empreintes informatisées).

La question de la radicalisation

« La généralisation de la biométrie – pour avoir une trace » – et la conservation des données téléphoniques – un point capital, (sont) deux mesures importantes » a commenté Nicolas Sarkozy. Mais face à l'hyper-radicalisation des terroristes », il faut se poser certaines questions : « doit-on combattre ce terrorisme avec les mêmes méthodes qu’auparavant ? Il s’est aussi montré très intéressé par l’expérience britannique de l’enregistrement vidéo qui « a démontré son utilité ». Cette « expérience nous donne des idées ».

Pas de tolérance pour les imams radicaux mais une question sur l'intégration

Le ministre français de l'Intérieur, qui a fait un passage éclair à Bruxelles a aussi estimé nécessaire « d'avoir une réflexion juridique, politique sur des associations sociales sportives ou culturelles servant de paravent à des activités idéologiques radicales ou terroristes » et de « surveiller les lieux de culte et les prisons ».

« Le coupable est-ce celui qui est faible et s’est fait influencé ou celui qui, par des prêches virulents, incite au passage à l'acte ? » s'interroge Nicolas Sarkozy. Il faut ne pas avoir de « tolérance vis-à-vis des imams radicaux qui ne sont qu’un paravent. La quasi-totalité des musulmans souhaite vivre en paix. Toute la question est d’avoir un islam de France et non un islam en France. La réponse n’est pas uniquement une question répressive, mais aussi la question de l’intégration. Des jeunes européens nés en Europe et formés aux techniques kamikazes, nous interroge sur notre modèle d’intégration. »

Une menace pour la France

La menace terroriste concerne aussi la France, a estimé à Bruxelles le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. « Nous découvrons dans ces équipes des liens avec des jeunes Français. Nous découvrons 6 jeunes Français morts en Irak. (...) L’Afghanistan, en particulier, et le GSPC, un mouvement algérien » qui s’inscrit dans la mouvance Al-Qaida nous inquiète particulièrement a-t-il expliqué devant la presse.

(Nicolas Gros-Verheyde)


Les attentats commis par 4 kamikazes

Le ministre britannique de l’intérieur, Carles Clarke, a confirmé en début de réunion que les attentats de Londres avaient été commis par 4 kamikazes, des citoyens britanniques nés sur le territoire britannique mais d’origine pakistanaise. Mais il a démenti « qu’ils aient été arrêtés.

C’est faux » a-t-il ajouté, contredisant ainsi ce qu'avait indiqué le ministre français, avant même que le conseil des ministres soit fini. Ce qui a mis en colère le ministre britannique. « Je suis désolé de dire. Ce doit être le style direct de M. Sarkozy, peut-être est-ce parce qu’il a assisté seulement à une partie du Conseil... arrivé en retard, parti en avance » !

Charles Clarke a aussi tenu à assurer une certaine différence d'approche sur la surveillance de l'Islam. Nicolas Sarkozy « voit sans doute le mieux pour la France. Nous envisageons la situation de certains prêcheurs dans certaines circonstances. (Mais) dire que la surveillance est une solution est un pas qu’il faut éviter. Nous allons travailler avec les communautés musulmanes. »


(*) Version rallongée et complétée d'un article paru dans Ouest-France

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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