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Si le 1 % est adopté il faudra couper dans les budgets. Entretien avec Dalia Grybauskaité

(archives B2) Décidée, bûcheuse, la lituanienne Dalia Grybauskaité est aujourd’hui considérée comme une des références de la Commission Barroso. Moins médiatique que certains de ses homologues, elle n’en est pas moins expérimentée. En tant que ministre des finances, notamment, elle a assumé à partir de 2001 la réforme fiscale et budgétaire dans son pays. Elle a en charge aujourd’hui l’épineux dossier des « perspectives financières ».

Certains pays, comme la France, estiment trop généreuse, la proposition de la Commission européenne. Est-ce une critique justifiée ?

— Nous n’avons pas défini ce budget au hasard mais en fonction des priorités politiques décidées par les États membres, eux-mêmes, lors des conseils européens. Notre devoir, en tant que Commission, est de dégager les moyens financiers pour mener à bien ses missions. Nous n’avons donc aucune raison de changer notre proposition.

Un accord vous semble-t-il possible ?

— Les positions me semblent plus flexibles qu’elles n’en ont l’air. Chaque pays a effectivement des intérêts propres. La France veut protéger ses dépenses agricoles, l’Allemagne espère voir diminuer sa contribution, l’Espagne perd de nombreux financements suite à l’élargissement et veut des compensations, le Royaume-Uni défend son rabais… Trouver une solution supposera sans doute un compromis. Or ce compromis se fera à 25 États membres, non à trois ou quatre. Aux Etats membres, donc, ensemble, de décider ce qu’ils veulent faire. La solution se trouvera alors entre le 1 % demandé par certains États membres et le 1,14 % proposé par la Commission (en dépenses de paiement).

Si le budget européen était limité à 1 %, quelles pourraient en être les conséquences ?

— Il faut être vraiment clair. Si on adopte cette option, il faudra effectuer des coupes dans des secteurs qui concernent directement les citoyens, en France particulièrement. Seuls les paiements directs agricoles sont, en effet, fixés après l’accord de 2002. Les budgets dévolus au développement rural, à la politique régionale, à la politique sociale, à la recherche et le développement, au transport devront être réduits. Ce sera aux États membres d’assumer ! Il leur faudra bien, de toute façon, piocher des ressources pour financer ce que l’Europe ne finance plus.

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)

Entretien en face à face - 15 avril 2005 - publié en premier lieu dans Maires de France

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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