La bataille du perchoir
(Archives B2) Pour occuper le poste envié de président du Parlement européen, les noms circulent à une vitesse éclair dans les couloirs du Parlement à Bruxelles et ailleurs. Avec une seule certitude, l’actuel président du Parlement européen, le libéral irlandais Pat Cox, ne se représente pas. Et comme aucun groupe ne détiendra à lui seul la majorité absolue, la règle non écrite voulant que le perchoir soit partagé à égalité entre deux groupes importants sera respectée.
Les 4 options
Quatre options sont alors envisageables. Tout dépendra alors non seulement de la victoire dans les urnes mais aussi des rattachements de députés volants ou volages dans les groupes.
1ère option : une alliance entre les conservateurs du Parti populaire européens (PPE) et les Libéraux. Naturelle pour les uns, délicate pour les autres, le virage eurosceptique franchi par le PPE, notamment en permettant aux torys britanniques de s’ériger en groupe dans le groupe a été mal pris par nombre d’élus convaincus. Les Oliviers emmenés par Romano Prodi auront également quelque mal à s’acoquiner avec les Forza Italia de Berlusconi.
2e option : une alliance entre les Libéraux et les Socialistes. A priori contre nature, elle est plus réaliste qu’il y paraît si on s’intéresse quelque peu à la réalité des votes. Dans de nombreux dossiers, libéraux et socialistes ont en effet joint leurs voix, avec l’appoint des Verts réussissant à imposer leurs vues aux conservateurs.
3e option : une alliance Conservateurs – Socialistes. C’est l’alliage qui a prévalu jusqu’à 1999, quand les deux grands partis avaient une sorte de conviction européenne commune. Ce qui n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. Si cette option est choisie, ce sera une sorte de paix armée.
4e option : l’alliance des gauches — socialistes, verts et communistes — sera assez délicate à gérer car minoritaire, sauf le raz de marée socialiste se répand.
Qui présidera...
Quant aux candidats, le PPE a déjà le sien, déclaré depuis longtemps, l’Allemand de la CDU, Hans-Gert Pöttering, actuel président du groupe et député depuis près d’un quart de siècle.
Les libéraux se cherchent toujours une tête d’affiche capable de remplacer Pat Cox qui laissera de l’avis de tous, un excellent souvenir. L’actuel Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, qui songe à se replier sur l’Europe en cas de déluge de son parti aux régionales (qui se déroule le même jour que les européennes), ferait un candidat fort convenable.
Chez les Socialistes, le travailliste Terry Winn, ancien ingénieur de la marine à la Royal Navy, député européen depuis 1989, est souvent cité. Le nom de l’autrichien Hannes Swoboda, apparaît quelquefois. Ce vice-président du groupe socialiste aurait un avantage, son nom, signifiant dans la plupart des langues slaves, liberté. Un beau symbole… Quant aux Français, pour l’instant, c’est motus et bouche cousue !
NGV. Paru dans France-Soir, juin 2004