L’avenir à 25 sera-t-il noir ou rose ?
(Archives B2) Nombreux sont les Cassandre à prédire que l'Europe fonctionnera mal. A 30 ou 25 commissaires, la Commission deviendrait ingouvernable. La gestion des langues est un vrai casse-tête. Sans Constitution on ne peut vivre répètent-ils. Vérité ou phantasme ? La réalité est plus prosaïque.
Pour la Commission, les difficultés sont largement exagérées. Tous les gouvernements en Europe ont cette taille, voire plus. Et les commissaires ont un avantage sur eux : la durée - un mandat de cinq ans - et la promiscuité. Siégeant toutes les semaines au sein d'une institution où le droit à la parole n'est pas de pure façade, cette collégialité est renforcée par les réunions régulières des membres de leur cabinet.
En revanche, l'indigestion de membres guette le conseil des ministres qui ne bénéficie pas d'une telle stabilité - un sommet européen réunit une centaine de personnes dans la salle. La pluralité de langues est aussi problématique. Tous les textes ayant même valeur juridique, et la signification des mots varie parfois d'une langue à l'autre, elle va obliger à maintes gesticulations. C'est le prix de la subsidiarité, aucun Etat - l'Irlande exceptée - n'ayant souhaité renoncer à sa langue nationale.
Les experts restent optimistes sur l'avenir économique et politique de cette nouvelle Europe. Traditionnellement, les périodes après élargissement — le précédent de l'Espagne et du Portugal est présent dans tous les esprits — apparaissent propices à une croissance. Le miracle se réitérera-t-il ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
Paru dans France-Soir 30 avril 2004