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Dutroux. La vérité est dans le sel

(B2) Une clé de menotte dans un pot de sel, c'est la dernière trouvaille des gardiens de la prison d'Arlon qui gardent le sieur Dutroux. Bien sûr, l'intéressé a tout de suite nié que cela lui appartenait. Manque de pot ! La clé se trouvait dans un paquet de sel dans une armoire, renfermant les produits du sieur Dutroux. Cette armoire était fermée par un cadenas. Le prisonnier, traditionnellement, demandant la clé aux gardiens quand il veut "cantiner". Une enquête est en cours pour déterminer depuis combien de temps la clé était dans ce paquet de sel et qui a pu l'a placé. Selon les premières constatations, la clé ne correspond pas aux menottes utilisées pour Dutroux et comporte des marques de corrosion. Elle n'est pas "d'un type récent", confirme John Van Acker, de la direction des établissements pénitentiaires. Un modèle utilisé dans les années 80-90 et qui "n'était plus en usage quand Marc Dutroux a été incarcéré à la prison d'Arlon ". Le paquet de sel lui-même semble ancien puisque sa date de péremption indique 2001. "Cela ne veut pas dire tout autant que cette clé fonctionne ou pas" ajoute-t-il. Ce qu'un spécialiste nous a confirmé « aucune menotte au monde ne résiste à un bricoleur doué ».

Le quatrième incident du genre

C'est le quatrième incident du genre depuis le début du procès. Le premier jour du procès, le fourgon cellulaire démarre, porte arrière mal fermée. Sans trop de conséquence, en fait, car cette porte ne donne pas directement sur l'endroit où les détenus sont placés. Plus grave ! Mardi dernier, la porte latérale de ce même fourgon, par où rentrent et sortent les prisonniers, a dû être réparée, in extremis, révélait hier le quotidien La Libre Belgique. Car elle fermait mal... Enfin, un gardien de prison vient d'être suspendu de ses fonctions. On le soupçonne d'avoir joué au petit reporter en prenant en photo, avec plus ou moins le consentement de Dutroux et/ou de ses avocats, le prisonnier dans sa vie de tous les jours et sa cellule, pour les vendre ensuite à Paris-Match à un prix conséquent. Plusieurs dizaines de milliers d'euros auraient été versés par l'hebdomadaire.

Les mesures de sûreté de Dutroux.

Du coté de l'administration pénitentiaire, on tend à relativiser ces incidents. « On est loin du compte de Dutroux dans la nature » explique un de ses responsables. Et de détailler les mesures prises à la fois par la prison et la police chargée de l'accompagnement. « Chaque jour, avant de rejoindre le fourgon, le prisonnier passe dans un sas, en habit de détenu. Il a une fouille au corps stricte. Ses habits civils sont également scrupuleusement fouillés.  Il entre dans le fourgon cellulaire menotté. Où il a toujours, face à lui, au moins deux gardiens. Arrivé au Palais de justice, le fourgon entre dans un sas de sécurité. Ce n'est qu'après avoir vérifié que le sas était fermé que les portes du fourgon sont ouvertes. Il est conduit, toujours menotté, à une cellule d'attente puis dans le box. Il a au minimum toujours de deux à quatre gardiens autour de lui. Et pas n'importe lesquels. Des professionnels de la Police fédérale spécialement formés à l'escorte des personnes dangereuses. »

Nicolas Gros-Verheyde

(paru dans France-Soir, mars 2004)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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