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Aide humanitaireReportage

Tsunami. L’Office européen d’aide humanitaire, ECHO, un système rodé aux crises

(archives B2) Au siège de l’Office européen d’aide humanitaire. 12 rue de Genève... un bâtiment de bureau de trois étages assez ordinaire, fait de verre et métal, typique dans cette zone proche de l’aéroport et de l’Otan où siègent de nombreuses entreprises internationales. Nous sommes au siège d’Echo, l’Office européen d’aide humanitaire, qui dépend de la Commission européenne.

Séisme en Asie oblige, l’homme de permanence pour les vacances de Noël, Jean-Claude Heyraud, n’a pas chômé ces derniers jours. Dispersés aux quatre coins de l’Europe pour cause de vacances, qui à Lisbonne, qui en Aveyron, les administrateurs de la cellule de Echo 3, chargée de l’Asie, sont à pied d’œuvre. Notre travail, explique Jorge Pereiro Pinon, responsable du desk Asie du Sud-Est : « évaluer les besoins et préparer les décisions pour attribuer des financements ». Un travail « narratif » qui peut paraître abscons vu l’urgence. Mais très utile. « Il faut bien justifier pourquoi on demande et comment on dépense l’argent public ».

Premier impératif : l’évaluation. Pour cela, la Commission européenne dispose de son réseau de délégations, à New-Delhi et Djakarta par exemple. Mais elle se repose surtout sur l’œil et l’expérience des opérateurs humanitaires présents dans la région. « Des ONGs avec qui nous travaillons depuis longtemps, comme Médecins sans frontières, Caritas ou Handicap international, les Croix-Rouge, ou les organismes des Nations-Unies », explique Antoine Lemasson, chargé de l’Asie du Sud (Sri-Lanka…). Logique. Ce seront, eux, ensuite qui mèneront les opérations de secours avec l’argent européen.

En plusieurs années d’existence, le système est désormais rodé. En cas de crise, ECHO peut débloquer tout de suite 3 millions d’euros. Ensuite, il s’agit, pays par pays ou projet par projet, de justifier toute autre sortie d’argent. Une enveloppe de 30 millions d’euros supplémentaire est aujourd’hui disponible. Mais la souplesse n’est pas absente. « En situation d’urgence, nous pouvons financer les projets rétroactivement, à la date du désastre », détaille Jorge Pereiro Pinon. Ce qui permet aux ONGs de commencer à engager les actions dès qu’elles ont un accord européen. Si nécessaire, d’autres financements peuvent être débloqués avec accord du conseil des ministres européens. Car ces sommes proviennent directement du budget communautaire.

Les aides des Etats membres s’ajoutent donc à cette ressource. La Commission européenne ne centralise pas en effet toute l’aide européenne, principe de subsidiarité oblige. Mais chacun se tient au courant. Un système, dénommé CIRCA, répertorie moyens et financements que chaque Etat membre met à disposition. Et, au besoin, le téléphone fonctionne entre capitales pour ajuster le tir. Au grand dam apparemment des Américains qui ont, récemment, fait passer un message à Bruxelles « il faudrait moins se faire de la concurrence et davantage se coordonner ». La générosité européenne ferait-elle de l’ombre au géant mondial ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

* Publié dans Ouest-France, septembre 2008

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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