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Les bons et mauvais points d’une présidence

A Nice, Jospin et Chirac tiennent entre leurs mains la réputation de la présidence française. Sur les autres dossiers, le bilan étant pour le moins contrasté

(Archives B2) C’était au mois de juillet dernier. La présidence française de l’Union européenne semblait promise à un avenir radieux. « Modeste » mais « ambitieux » tel était le leitmotiv français du moment. Un peu « trop » ambitieux sans doute, commentent aujourd’hui, pernicieusement, les diplomates étrangers en poste à Bruxelles. Trop préoccupée par ses enjeux de politique intérieure, la grenouille “frenchie” a eu les yeux trop gros ...

Exemple symptomatique de cette myopie : la vache folle et le prix de l’essence. Les responsables hexagonaux ont superbement ignoré l’Europe, ont pris des mesures en solo, et ne sont venus à Bruxelles que pour faire avaliser leur politique nationale, « pour bénéficier de subsides européens » commentent les méchantes langues (qui ne manquent pas). La déroute annoncée sur la vache folle s’est cependant transformée en « succès » grâce surtout à la découverte, in extremis, de cas en Allemagne et en Espagne. Jean-Claude Gayssot n’a pas eu cette chance sur les mesures pétrolières et les routiers. Le conseil des Ministres, convoqué à la hâte, fin septembre, n’a débouché sur aucune décision concrète sinon à provoquer l’ire de ses collègues.

Coté diplomatique, la même constellation de chance a régné. Le sommet de Zagreb a été autant un « succès » que la rencontre de Marseille sur les pays méditerranéens un « échec ». Mais davantage pour des raisons externes : l’élection de Kostunica à la tête de la Yougoslavie, dans un cas, le conflit israélo-palestinien dans l’autre.

C’est surtout « l’ambition sociale » de la France et sa volonté « de rapprocher le citoyen de l’Europe » qui suscitent un mauvais point. De « fil rouge » de la présidence, selon l’expression de Jacques Chirac, ce thème s’est transformé en chiffon rouge. Certes un « agenda social » a pu être bouclé mais au rabais. Davantage catalogue sans queue ni tête, il fait la part belle aux concepts libéraux de blocage salarial et de remise au travail des plus âgés. De bon point, c’est, en fait, à Laurent Fabius qu’il revient. Loué pour ses qualités de négociateur, il a réussi à débloquer le dossier de l’harmonisation fiscale. Il ne reste en fait qu’une inconnue !

Nice ? En effet, comme le conte un diplomate d’expérience, « la réputation d’une présidence se fait sur le dernier sommet ». Or si la préparation de ce sommet a été menée de main de maître par l’équipe de Pierre Vimont, le représentant permanent de la France à Bruxelles, ce sont maintenant les chefs d’État européens, particulièrement le couple Jospin-Chirac, qui détiennent les clefs de la présidence française. « Grande » ou « ratée ». Réponse samedi ou dimanche...

Nicolas Gros-Verheyde (paru dans France-Soir, décembre 2000)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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