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BalkansReportage

Mobilisation pour les réfugiés kosovars en Albanie et en France

(BRUXELLES2) La fuite éperdue de milliers de Kosovars de leur pays a déclenché des bouleversements dans les Balkans. L’élan de générosité en France s’avère parfois difficile à canaliser. Tâche à laquelle contribue souvent les collectivités locales.

Subventions supplémentaires votées

En France, l’élan de mobilisation de la population en faveur des réfugiés kosovars en Albanie est important. Nombre de villes ont voté des subventions supplémentaires pour les associations locales humanitaires. Comme d’autres municipalités, la mairie d’Allauch (Bouches-du-Rhône) a ainsi décidé de relayer sur la commune et le canton une opération de mobilisation de la population (affiches, courrier…). La mairie se chargeant de la collecte dans tous les centres sociaux.

Des missions d'évaluation sur place

D’autres communes sont allées plus loin, le plus souvent en concertant leur action au niveau de l’association départementale de maires. Ainsi l’union des maires des Bouches-du-Rhône s’est très vite structurée. « Deux missions d’évaluation ont été envoyées en Albanie. Et tous les maires se sont réunis début avril pour faire le point des actions possibles » indique son président Christian de Barbarin. Un comité financier a été mis en place pour gérer les dons en espèce. Une cellule d’urgence a été constituée pour la gestion des dons en nature collectés dans les communes, qui doivent être conditionnés et transportés en Albanie.

Un comité de suivi a également été mis en place pour gérer l’aide durable destinée aux communes albanaises qui accueillent un grand nombre de réfugiés sur de longues périodes. De son coté, le Conseil général a, dès le 13 avril, pris plusieurs décisions : crédit de 2 millions de francs pour financer la logistique de l’aide humanitaire, mise à disposition des maires d’un local pour stocker et conditionner les dons en nature, gestion des urgences et du transport en direction de l’Albanie confiée au service départemental d’incendie et de secours.

Des décisions analogues ont été prises dans d’autres départements comme en Charente-Maritime qui a choisi de s’appuyer sur la logistique de la Croix-rouge locale mais réfléchit également à des actions plus ciblées et plus en relations avec les collectivités locales (envoi de matériel bureautique ou d’équipements collectifs, jumelages…).

Peu de liens avec les Balkans

Au-delà d’une aide humanitaire d’urgence, la difficulté pour les collectivités locales des pays d’accueil est bien réelle. La France n’a traditionnellement que peu de liens avec la région des Balkans. D’après les chiffres recueillis auprès de Cités unies France, seules 9 villes françaises ont conclu un accord de jumelage avec une commune de Macédoine, d’Albanie ou Ex-Yougoslavie.

Par ailleurs, pour celles qui l’ont faites, il est parfois difficile, tant que dure le conflit de maintenir les liens. Ainsi pour le maire de Fraize (Vosges), dont la ville est déjà jumelée avec Fjerze « On a amené l’année dernière du mobilier. On était prêt d’acheminer un cabinet dentaire. Mais la cellule de crise des affaires étrangères nous a déconseillé le voyage. » Au-delà de liens directs entre collectivités locales, qui restent donc à développer, une nouvelle tâche attend déjà les municipalités : l’accueil des réfugiés.

De retour de Kukes, Nicolas Gros-Verheyde

(*) article publié dans Maires de France, mai 1999

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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