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A Kukes, des milliers de Kosovars fuient. L’entraide se met en place

(Archives) A Kukes, début avril. Des milliers d'habitants du Kosovo fuient leur pays sous la menace armée des Serbes et des paramilitaires, se réfugiant en Macédoine, au Monténégro, et surtout en Albanie. En quelques jours, plus de 500.000 personnes franchissent ces frontières.

En Albanie, une organisation improvisée

Face à ce drame, les Albanais ne restent pas inactifs. Tout d’abord fonctionne la traditionnelle entraide familiale et paysanne. Les Albanais accueillent nombreux ces « sans-pays ». Au point que dans certains villages, les organisations internationales devront assurer le ravitaillement des habitants qui n’ont plus rien pour subsister tant ils ont épuisé leurs propres provisions. Les pouvoirs publics ne restent pas non plus inactifs. Ils organisent la circulation — ce qui n’est pas la moindre des difficultés tant les routes sont encombrées. Ils assurent l’évacuation par petits groupes, en cars ou bien souvent en camions, vers d’autres villes et d’autres camps situés dans le sud de l’Albanie.

Coopération française, allemande et italienne

Pour pourvoir aux besoins vitaux, une coopération franco-allemande-italienne exemplaire s’est rapidement mise en œuvre près de Kukes. Les hélicoptères français de l’armée de terre assurent des navettes avec l’aéroport de Tirana pour rapatrier du fret alimentaire, ainsi que du matériel prêté par l’aide technique allemande.

Les pompiers et hommes de la protection civile et de la Croix-rouge italienne tiennent un camp de toile avec l’aide de médecins français de l’association Médecins du monde, des volontaires de Caritas Albanie distribuent vivres et eau aux réfugiés sur le bord des routes.

Faire face au gonflement de la population

A Kukes même, la municipalité doit faire face au gonflement de sa population, passée en quelques jours de 15 000 habitants en temps normal à près de 80 000 âmes. Comme d’autres collectivités locales, albanaises, monténégrines ou macédoniennes, elle doit faire face rapidement à des besoins importants en matière d’accueil de la petite enfance, de moyens administratifs, de moyens de transport…

Ainsi, à l’office local des réfugiés, chargé d'enregistrer les différentes personnes arrivées, de faciliter la recherche des parents ou des amis et d’établir un nouvel état civil, le conseiller du directeur M. Kula s’avère débordé. « Je n’ai en tout et pour tout que deux ordinateurs. et aucun moyen de reprographie. L’aide internationale est donc accueillie avec bienveillance. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) article publié dans Maires de France, mai 1999

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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