[Yougoslavie Mémoire d’un désastre] 1991, l’armée yougoslave attaque Dubrovnik
Pendant que ses canons continuaient de marteler la ville historique de Dubrovnik, l’armée fédérale abandonne d’autres zones en Yougoslavie. Une absurdité yougoslave de plus ou une nouvelle
tactique …
L’armée fédérale yougoslave a décidé - plus que jamais - d’en finir avec Dubrovnik et d’intégrer la ville croate dans les territoires serbes, avant l’arrivée imminente de troupes internationales.
“Quelque 3.000 obus sont tombés sur Dubrovnik dimanche”, selon l’agence croate Hina, et “les attaques conjuguées par terre et par mer ont touché, incendié et détruit 17 hôtels de la ville et 122
bateaux à quai dans le port de Gruz.
Dimanche, des obus étaient tombés pour la première fois sur la forteresse Minceta datant du XVème siècle, dans le centre historique de la vieille ville placée sous la protection de l'Unesco”. Au
mépris des conventions sur la protection des biens culturels et malgré les “instructions donnés par le commandement de l’armée fédéral de préserver les monuments historiques”.
Cette accélération de l’offensive sur Dubrovnik marque un changement dans la tactique serbe. L’offensive n’a ici plus de raison ethnique majeure, la ville de Dubrovnik comptant moins d’un quart de
population serbe. L’armée fédérale se bat désormais - avant l’arrivée de troupes internationales désormais désirées autant par les Serbes que par les Croates - dans des secteurs susceptibles de
servir de points d’appui à une république de Serbie-Monténégro agrandie. Elle abandonne les fronts lointains de la zone - et de la logistique - serbe.
Dimanche ainsi, un accord local de cessez-le-feu absolu était ainsi signé - et relativement respecté - sous les auspices d'observateurs de la CEE à Sisak, située à moins de 50 kilomètres de Zagreb.
A Rijeka, sur la côte dalmate, lundi matin, le blocage du port était levé et les chars du corps d'armée de Rijeka rapatriés sur des bateaux jusqu'à Bar au sud du pays. Une fois cette reorganisation
tactique achevée, l’ONU pourra intervenir…
(article paru dans la Truffe, 12 novembre 1991, © NGV)