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Direction Mogadiscio pour EUTM Somalia

Un formateur finlandais en action dans le camp de Bihanga en Ouganda (crédit : EUTM Somalia /UE)

(BRUXELLES2, exclusif) Les "27" ministres des Affaires étrangères donnent leur feu vert, aujourd'hui, à la mise en chantier de la troisième phase de l'opération de formation des soldats somaliens (EUTM Somalia). Avec un tournant très net. Puisqu'il s'agit désormais - ainsi que nous l'avions déjà annoncé sur le Club de B2 - de ne plus se cantonner à de la formation "hors sol" mais bien sur place dans le pays. Selon le chef de mission, le Colonel irlandais Beary, la mission pourrait ainsi entamer sa troisième période, avec deux volets : des formations spécialisées assurées en Ouganda (à Bihanga, comme aujourd'hui) et une présence directe dans la capitale somalienne, Mogadiscio, au camp Al Jazeera, qui sert de camp à l'armée somalienne comme aux forces de l'AMISOM (ougandaises notamment), comme auprès des autorités politiques.

Un déménagement opérationnel mais aussi très politique

Ce transfert sera graduel. Mais il est justifié par l’amélioration de la situation dans la capitale somalienne. Mogadiscio n'est plus sous le feu direct des Al Shabab comme en 2011 même s'il reste encore des problèmes de sécurité. Et, surtout, il permet aussi d’être au plus proche des nouvelles structures politiques et de l'armée somalienne. C'est désormais à celle-ci que va reposer la sécurité à Mogadiscio. Et EUTM Somalia démarrée dans une grande discrétion et sous d'abondantes critiques apparait aujourd'hui comme un succès. L'impression qui ressort de la récente revue d'évaluation est positive. En trois ans, l'Union européenne aura ainsi formé - avec son partenaire ougandais - 3000 soldats. Soit un quart des forces somaliennes. L'Union européenne a assuré d'abord les formations spécialisées (télécommunications, santé, combat en zone urbaine,...) des fantassins de la nouvelle armée somalienne tandis que ses partenaires ougandais assuraient la formation de base et au combat. Puis, dans une seconde phase, elle s'est concentrée sur la formation des officiers, sous-officiers et de ce qu'on appelle le "Command and control", le C2. Même si l'apport des troupes africaines — d'Ouganda et du Burundi dans un premier temps, du Kenya et d'Ethiopie dans un second — est primordial, la nouvelle armée somalienne « s'est bien comportée » dans les différentes offensives.

Des pertes importantes pour l'Amisom

Si une partie de la Somalie a pu être reconquise sur les Al Shabab, cela n'a cependant pas été une partie de plaisir. Les combats ont été féroces. Et les pertes de l'AMISOM comme des forces somaliennes gouvernementales conséquentes. Au moins 500 soldats ougandais ont perdu la vie dans les cinq dernières années, les Kenyans au moins 25 des leurs. Sans compter les blessés. Et coté de la toute jeune armée somalienne, les pertes ne sont pas moins nombreuses. Selon un officier que B2 a contacté, « environ 10% des effectifs formés » sont déjà morts au combat. Soit environ 300 militaires. On peut leur rendre hommage...

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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