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Allen saute, l’Otan tressaute

(Crédit : OTAN)

(BRUXELLES2) Le général américain John Allen, chef de la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité en Afghanistan (ISAF), ne devrait pas exercer ses fonctions de Commandant Suprême des Forces de l’Alliance Atlantique (SACEUR). Il est à son tour éclaboussé par la démission, pour adultère, de David Petraeus, directeur de la CIA. Selon The Washington Post, l’enquête du FBI sur D. Petraeus aurait fait la découverte d’une correspondance «inappropriée» de plusieurs centaines de mails entre le général Allen et Jill Kelley, l’un des personnages clés du scandale, une amie du couple Petraeus.

Nomination à la tête de l’OTAN suspendue

L'inspection générale du Département de la Défense a ouverte une enquête a affirmé Leon Panetta, le ministre de la Défense, alors qu'il était à bord d'un avion militaire en route vers le Pacifique (Australie...) confirmant l'implication du général de Marines dans une enquête du FBI. La commission des services armés du Sénat tout comme celle de la Chambre des représentants ont été « averties » a-t-il confirmé.

Nomination suspendue

On se rappelle que le Congrès devait encore se prononcer sur sa nomination. Celle-ci est dorénavant suspendue. « Tant qu'il reste sous enquête et que les faits sont déterminés, le Général Allen restera commandant de l'ISAF » a précisé Panetta. « Son commandement a permis de réaliser de significatifs progrès pour l'ISAF qui, en coopération avec nos partenaires afghans, a apporté une très sécurité au peuple afghan (et) s’assurer que l’Afghanistan ne devienne plus jamais un refuge pour les terroristes » a-t-il ajouté en guise de pommade. Mais c'est aussitôt pour préciser la sanction conservatoire qui a été prise à son égard : « J'ai demandé au président de suspendre sa nomination tant que les faits ne seront pas éclaircis ». Et de la même façon il a demandé aux sénateurs Carl Levin (Démocrate) et John McCain (Républicain) de reporter à plus tard, l'audition prévue au Sénat jeudi (15 novembre). Panetta a, en revanche, demandé au Sénat d’agir «rapidement» pour la nomination du général Joseph Dunford, numéro deux du corps des Marines, pour lui succéder comme prochain commandant de l’ISAF.

Commentaire : Une Alliance encore très atlantique et peu européenne

On peut remarquer d'une part la dureté des mesures prises. On ne badine avec le respect des règles à Washington où on redoute, outre le respect d'une certaine morale et de certaines règles, qu'une liaison ne puisse faire l'objet d'un chantage. Je ne suis pas sûr que cette conception soit vraiment partagée partout... On peut aussi remarquer que le commandement de l'OTAN est étroitement soumis à des règles et un encadrement américain. Il n'y a pas encore beaucoup d'indépendance dans le fonctionnement de l'Alliance atlantique, où les principaux éléments continuent d'être décidés à Washington et non à Bruxelles. Ce qui explique sans doute pourquoi cette nouvelle n'a pas vraiment été commentée officiellement bd Leopold. Il est vrai que d'une certaine façon le commandement reste assuré, avec l'Amiral Stavridis qui pourrait rester en place et assure pour l'instant le commandement, avec son adjoint. Mais on a là certainement matière à réflexion. Si les Américains veulent que les Européens se prennent en main, il faut aussi qu'ils leur en laissent la latitude...

Lire aussi : Le haut commandement Allié change de main, celui de l’ISAF également),

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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