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Kosovo 2 : Sur le pont « Austerlitz », le 3e RIMA veille



(BRUXELLES2) Mitrovica. Le 3e régiment d’infanterie de marine de Vannes commence à prendre ses quartiers à la « Concession », le bâtiment qui surplombe le pont principal de Mitrovica et sert, aussi, accessoirement de centre culturel et… de boîte de nuit aux habitants ! « Section par section, on vient prendre les consignes auprès de nos homologues de la brigade franco-allemande » explique le lieutenant Léo Suret, tout juste arrivé. Avant d’assurer la relève, officiellement prévue fin janvier, la garde est ainsi assurée en doublon durant plusieurs jours. « Ce qui nous donne toutes les cartes en main, pour bien maîtriser la solution ensuite ». Pour ce jeune lieutenant, frais émoulu de Saint-Cyr Coëtquidan, l’école des officiers de l’armée, et tout juste arrivé au régiment, « c’est une chance » de partir aussi vite en mission extérieure à un moment aussi crucial.

Les "projecteurs braqués sur nous". L’ancienne province serbe de Yougoslavie, placée sous administration provisoire de l’Onu, pourrait en effet proclamer son indépendance en février ou mars. Et toute la question va être de savoir comment réagira alors la minorité serbe du Kosovo. « Nous savons bien que tous les projecteurs sont braqués sur nous. » explique le lieutenant. La rivière Ibar qui sépare Mitrovica en deux, au nord les Serbes essentiellement, au sud les Albanais, marque en effet une sorte de frontière impalpable. Et le pont principal de Mitrovica, renommé par les Français « pont Austerlitz », est « symbolique. » S’il n’est pas le seul pont, « c’est le plus névralgique car il met en présence directement les deux communautés ». Les hommes du 3e Rima vont d’ailleurs valider leur formation entamée en Bretagne, de « contrôle de foule », sur le terrain, avec les gendarmes et carabinieri, italiens.

"Ne pas se fier au calme apparent". La Brigade franco-allemande qui tient le terrain l’a, en effet, averti. Il ne faut pas se fier au calme apparent. « Cela peut être calme. Ca se tend le matin et çà prend feu l’après-midi ». La surveillance est donc quotidienne. D’abord de visu, du haut du toit, où on a une vue directe sur le pont et ses alentours ; ensuite, grâce aux caméras braquées en permanence et aux écrans de contrôle. Enfin, les patrouilles quotidiennes – parfois par moins 10 ou 20° — permettent de tâter le pouls de la population. Toute la difficulté de cette mission est, justement, de ne pas se laisser surprendre. Le plus grand enjeu, explique le lieutenant Suret : « motiver les hommes et éviter la monotonie ».

(article paru dans Ouest-France)

© Photo : NGV

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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