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Les violences sexuelles continuent au Congo. Bis repetita

(BRUXELLES2) Au Congo (RDC), les jours se suivent, les rapports se succèdent, et on l'a l'impression d'un "bis repetita" permanent. "Au moins 170 femmes ont été violées par des hommes armés présumés appartenir à la coalition May-May Checka -Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) fin juillet – début août à Luvungi, dans le Territoire de Walikale" (au nord-Kivu), rapporte ainsi dernièrement l'ONG International Medical Corps (IMC), cité dans le dernier bulletin de situation du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Ce n'est pas le premier bulletin faisant état de viols en masse. Et sans doute pas le dernier...

Tragédie congolaise

Pour le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU au Congo, Roger Meece, « les gens qui vivent dans cette zone sont victimes depuis des années d'une violence extrême. Des millions de personnes sont mortes, et des millions d'autres ont été victimes de violences sexuelles », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse tenue par vidéoconférence le 25 août. Ces incidents n'avaient pas été rapportés, tout de suite, à la force de l'ONU présente dans le pays, précise-t-il. « Ils n'ont été rapportés à la Mission que le 12 août » soit plus de 10 jours après les faits. Explication : souvent, « les villageois ont peur des représailles, ou alors ils sont paralysés par un sentiment de honte après ce qu'on vient de leur faire subir, à eux-mêmes ou à leurs proches ».

Le conflit - ou plutôt cette succession de conflits, qui ont surgi après le génocide rwandais de 1994 en RDC (république démocratique du Congo) - est responsable de 5,4 millions de morts. Et selon l'ONU, au moins 200.000 femmes et filles ont été victimes d'agressions sexuelles ces 12 dernières années. Rien que sur le premier trimestre 2010, on recense 1244 viols rapportés, selon le Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR). Un chiffre qui serait en diminution (!) cependant par rapport aux années précédentes.

Une "arme de guerre"

Cette vraie guerre "silencieuse" -  qui ne suscite pas grande émotion - et qualifiée de "Africa's World War" dans une étude publiée, en avril dernier, par l'ONG Oxfam et l'université américaine d'Harvard. Ces experts qui ont étudié, dans le détail, plus de 4000 cas de viols dans le sud-Kivu, parle d'une "vraie arme de guerre". "Les femmes de tous âges sont frappées. Elles ne sont en sécurité nulle part". Perpétrées à près de 50% par des militaires en armes, le mécanisme du viol est aussi de plus en plus perpétré par des civils - notent-ils - témoignant ainsi d'une "normalisation" de cette violence et d'une "érosion" des barrières habituelles de la société (2). Une autre étude menée par l'United States Institute of Peace (USIP), et publiée en juin, tentent de cerner les motivations des violeurs. Chez les Mai-Mai, ainsi, "les violences sexuelles sont une motivation pour combattre" à la fois, un sentiment contradictoire également de pouvoir exploiter les civils (3).

A noter que l'UE a étendu en octobre 2009, le mandat de la mission de police EUPOL Rdc à cette question des violences sexuelles (4).

Pour compléter :

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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