B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Protection Civile

Pas d’urgence pour l’UE-Fast européen ?

(Crédit: Commission européenne)
(Crédit: Commission européenne)

(BRUXELLES2) "Terrifiant"! Voici comment la commissaire à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva a qualifié la situation aux Philippines après une visite de deux jours (16-17 novembre) dans la région. « Même après avoir vu les images de destruction à la télévision, cela m'a fendu le coeur de survoler les zones affectées par le cyclone et en particulier la ville de Tablocan, rasée par la force des vents». « C'est terrible - a-t-elle détaillé à B2 - quand vous survolez la zone, vous voyez la trace du cyclone. Il n'y a pas quelques arbres déracinés mais des centaines. Cela donne une idée de la force du vent et des destructions. » Elle s'est voulue cependant optimiste. « Peu à peu, les secours s'organisent et arrivent. Le problème aujourd'hui est que l'aéroport commence à être encombré. »

Félicitations à B-Fast

La Commissaire a tenu à saluer la réaction « rapide, généreuse et coordonnée » des pays européens (102 millions d'euros engagés) et notamment de la B-Fast belge (*). « B-Fast était la première structure sur le terrain (...) Nous en sommes très fiers » a t-elle insisté. Selon elle, l'équipe B-Fast est même au coeur du système de protection civile européen : « l'Europe concentre ses efforts pour pouvoir mobiliser très rapidement notre capacité de protection civile et l'utiliser de manière très rapide, en utilisant également les avions de transports militaires fournit par B-Fast pour accéder aux zones difficiles ».

B-Fast pas tout seul

D'autres équipes européennes ont été mobilisés. « Nous avons maintenant des équipes de protection civile mobilisées par les Etats-membres et l'UE dans de nombreux endroits ». Par exemple, « en plus de B-fast, nous avons une équipe espagnole sur Samar, une autre île dévastée par le Cyclone. Nous avons également une équipe d'assainissement allemande opérant à Batavia ». Précisons que le Royaume-Uni a envoyé des moyens militaires (deux navires et plusieurs avions) ainsi que la Suède (3 avions).

Un UE-Fast européen? 

Faut-il aller plus loin et créer une structure unique de coordination à l'image de B-Fast. B2 a posé la question à la Commissaire. Mais Kristalina Georgieva se montre assez réservée. Le dispositif européen repose sur deux types de moyens. Ceux déployés par les Etats-Membres. Et l'important est alors la coordination. « Il faut faire en sorte que nous soyons bien coordonnés au même moment ». Mais il ne faut pas sous-estimer l'instrument financier. Le déblocage de fonds pour les organisations internationales est aussi important. « Nous ne pouvons sous estimer les financements octroyés aux organisations internationales comme la Croix-Rouge, comme UNICEF, WWF. La capacité de déploiement de ces ONGs à l'échelle locale est extrêmement important. » Quant au déploiement de matériel militaire, « souvent utile quand on est dans une zone complètement détruite, (il reste) une compétence des Etats membres ».

En d'autres termes, chacun sa place...

(Nicolas Gros-Verheyde avec Loreline Merelle)

(*) Lancée en 1999 par le Ministère des Affaires étrangères belge, la mission B-Fast (Belgian First Aid & Support Team) est une structure de coordination rapide en cas de catastrophes, présidée par un conseil de coordination interdépartemental (Affaires étrangères, Défense, Intérieur, Santé et Coopération au développement). Aux Philippines, la mission a été lancée le 10 novembre et se composait de 37 personnes. Deux modules ont été déployés sur place : un hôpital de campagne et une station de purification d’eau. Limitée à 10 jours, la mission est rentrée en Belgique ce week-end, laissant les établissements d'urgence installés aux mains d'une ONG allemande et du gouvernement des Philippines. La question de la prolongation de la mission s'est posée, lors d'un "kern" convoqué lundi après-midi à Bruxelles. Mais les responsables belges ont estimé que vu le déploiement important de secours en cause, il n'était pas nécessaire de renvoyer une seconde équipe.

A lire aussi:

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®