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Conflit libyen : Aucune option n’est exclue, y compris militaire. Mais il y a un hic… (maj)

Dans l'étude des scénarios de réponse à la crise libyenne (on peut parler aujourd'hui de "conflit"), « aucune option n'est a priori exclue » a expliqué ce matin un haut responsable du service diplomatique européen. Et l'hypothèse de la nécessité « d'une intervention militaire à titre humanitaire » soit pour permettre l'évacuation des Européens, soit le long des frontières de la Libye, pour assister et sécuriser l'arrivée de personnes déplacées ou réfugiées, est une des possibilités de réponse étudiée par l'Union européenne. Aux côtés de la "no fly zone" évoquée par Alain Juppé ce matin, lire : Alain Juppé (MinDéf français) reprend le flambeau du devoir d’ingérence face à Kadhafi). De nombreuses discussions informelles se déroulent entre Américains et Européens.

L'emploi du battlegroup : pas envisagée, pas envisageable en l'état

Si l'emploi du battlegroup (nordique notamment) n'est pas évoqué à ce stade, il parait naturel que ce pourrait être une des options ... de l'option. A condition que les 27 soient d'accord de façon unanime et qu'un Etat membre ou la Haute représentante en prenne l'initiative, qu'il y ait une résolution des Nations-Unies qui valide ou autorise cette intervention, et que les Etats qui accueilleront le battlegroup l'invitent à venir. Ce qui ne semble pas être le cas. D'après nos informations, coté libyen, c'est exclu ; coté égyptien, c'est peu probable et coté tunisien, les structures gouvernementales sont trop mouvantes pour avoir un accord... Autrement dit, ce n'est pas fait. "La solution n'est même pas envisagée" explique une source militaire, sous couvert d'anonymat.

L'option la plus probable

De fait, l'option la plus probable en l'état est l'utilisation de moyens militaires (avions, bateaux) pour permettre l'évacuation des citoyens européens. Ce qui a déjà commencé depuis dimanche en fait. La seconde option envisagée est de pouvoir amener rapidement différents moyens humanitaires, le long des frontières avec l'Egypte et la Tunisie, pour permettre l'accueil et la prise en charge des personnes déplacées qui y arrivent.

Il y a un gros hic !

Ce qui explique l'extrême prudence des dirigeants européens : il y a encore trop de ressortissants nationaux sur le sol libyen pour hausser le ton. La crainte d'une prise en otage, voire de représailles à leur encontre, est bien réelle. Kadhafi a montré par le passé qu'il ne répugnait devant aucun acte destructeur, y compris de civils (que ce soit en s'en prenant à des avions civils, comme le Boeing 747 de la PanAm, à Lockerbie en décembre 1988, ou le DC10 d'UTA en septembre 1989. au dessus du Ténéré ou en subventionnant des mouvements terroristes).  « Ce type est un fou complet, au sens pathologique du terme », m'a confié un médecin européen , « il est capable de tout, y compris du pire, et est totalement imprévisible ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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