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Javier Solana, diplomate en chef de l’UE, courte biographie

(BRUXELLES2) Né le 14 juillet 1942, le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'UE, Javier Solana de Madariaga, est issu d’une famille espagnole bien connue. L’alchimie politique, diplomatique et européenne, il y a en quelque sorte baigné tout petit. Son grand-oncle Salvador de Madariaga a été le chef de la section désarmement de la Société des Nations, et est ensuite  ambassadeur en France et aux Etats-Unis. Opposant au régime franquiste, il prend la voie de l’exil vers Londres en 1936. En 1947 il  participe au manifeste d’Oxford sur le libéralisme et est un des fondateurs du Collège d’Europe de Bruges. Le frère aîné de Javier Solana est aussi opposé au régime franquiste et sera emprisonné pour ses activités politiques.

Socialiste dès le début. A 22 ans, en 1964, Javier rejoint aussi clandestinement le parti socialiste espagnol, qui est alors illégal. Comme son père, chimiste, il suit la voie scientifique avec un diplômé de physicien et des études en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Mais il reste engagé : outre-Atlantique, il est notamment président de l’association des étudiants étrangers et participe aux protestations contre la guerre au Vietnam. En 1976, il est  nommé secrétaire fédéral du nouveau parti socialiste. Il siège comme député de Madrid de 1977 à décembre 1995.

Proche de Felipe Gonzalez, Javier Solana rejoint naturellement son cabinet après la victoire historique du PSOE en 1982. Il y restera près de 13 ans, un record de longévité. Ministre de la Culture, puis Ministre de l’Education en 1988, il devient Ministre des Affaires étrangères en 1992. En 1995, l’Espagne préside l’Union européenne. Et Solana porte sur les fonts baptismaux le processus de Barcelone, dont l’objectif est de mieux arrimer et associer les Etats méditerranéens à l’Europe. En décembre 1995, il est nommé secrétaire général de  l’OTAN, en remplacement du belge Willy Claes. Evolution logique pour l’homme comme pour le parti dont il reste membre. D’opposant à l’OTAN, l’un comme l’autre sont devenus de chauds partisans d’un atlantisme « raisonnable ».

A la tête de l’OTAN, Solana doit d’abord mettre en application le plan de paix de « Dayton » en Bosnie-Herzégovine avec le déploiement d’une force (IFOR) de 60 000 hommes dans l’ancienne république yougoslave déchirée par plusieurs années de guerre. Mission transformée ensuite en mission de stabilisation (SFOR) conservant plus de 30 000 hommes sur le terrain. Sous son impulsion, l’OTAN affine sa stratégie, intègre ses membres – la France, partiellement, l’Espagne, totalement, rejoignent la structure militaire — négocie des accords,  particulièrement avec l’ancien ennemi russe — c’est la naissance du Conseil Otan-Russie. En 1999, l’OTAN intervient à nouveau militairement dans les Balkans, cette fois directement en Serbie pour stopper l’intervention des forces de police et de l’armée au Kosovo. Intervention couronnée de succès militairement et politiquement (avec un petit coup de pouce russe qui délaisse son allié serbe). La province serbe à majorité albanaise sera ensuite placée sous administration internationale, la sécurité étant assurée par l’OTAN (KFOR).

Monsieur PESC. Entre-temps, Solana est passé à d’autres horizons toujours à Bruxelles mais à l’Union européenne. Les Quinze sont tombés d’accord, au Sommet de Cologne, en juillet 1999, pour nommer le socialiste espagnol à une nouvelle fonction créée par le Traité d’Amsterdam, celle de diplomate en chef de l’UE. Fonction qu’il étrenne le 18 octobre 1999. Le traité de Nice ajoute une autre casquette, celle de secrétaire général du Conseil. Ce qui permet à Solana de disposer des moyens administratifs et financiers pour les ambitions tracées par les chefs d’État et de gouvernement européens. Sa discrétion plait. Il est renouvelé en juillet 2004 pour un deuxième mandat de 5 ans. Durant ces années, il est notamment impliqué dans la recherche d’une solution au Proche-Orient et dans le dialogue entamé avec l’Iran par plusieurs pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie, Etats-Unis). Une vingtaine d’opérations civiles et militaires sont déployées sur
trois continents au titre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Et l’Union européenne est apparue peu à peu comme un acteur « sérieux » pour les missions de « bons offices ». La dernière en date, importante symboliquement et politiquement, étant le conflit armé du mois d’août 2008 entre la Géorgie et la Russie.

Son mandat se termine le 31 octobre 2009. Mais il ne portera pas le titre de Ministre des affaires étrangères de l’UE, créé par la Constitution européenne, et dont il avait rêvé...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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