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Qui dirigera l’Europe en 2009 (Maj2) : les 27 Commissaires

(BRUXELLES2) Depuis mon premier pointage, il y a eu quelques évolutions. Des pays ont désigné leur représentant à la Commission (en général à la faveur des élections au Parlement européen ou d'élections nationales). Mais dans nombre de pays, la situation reste encore incertaine, soit du fait d'élections nationales en cours (Allemagne, Rép. Tchèque...), soit par stratégie (beaucoup de pays brouillent les pistes tant des candidats que des postes pressentis, pour pouvoir obtenir mieux que ce qui leur est proposé).

Une Commission qui penche (logiquement) à droite. Ce qui est certain, c'est que la plupart des candidatures actuelles reflètent l'évolution des Etats membres de l'UE vers la droite : la plupart des candidats sont ainsi logiquement chrétien-démocrate ou libéral. Ce qui n'est pas sans poser de problème pour la légitimité de la Commission européenne qui se doit de respecter un certain équilibre des familles politiques, et de réprésenter toute la population, au-delà des élections du moment (qui sait dans 3 ou 4 ans, si cette mono-couleur politique sera encore
d'actualité).

Cherche femme désespérement. Quant à la répartition hommes-femmes, elle est franchement inégalitaire. Le nombre de femmes déjà désigné ou susceptible de l'être est très faible : seules trois femmes sont sûres de figurer dans la prochaine Commission (Bulgarie, Danemark, Luxembourg). De fait, quand plusieurs candidats sont en balance, même s'il n'est pas le favori, le nom féminin a une chance de plus dans son escarcelle (Autriche, Irlande...). Mais même avec cette "discrimination positive", on paraît encore loin du seuil "minimal psychologique" de 8-9 commissaires (c'est le tiers de la Commission). Dans les pays qui n'ont pas encore de favori désigné, un candidat féminin pourrait donc d'autant plus facilement surgir, qu'en présentant une femme, le pays concerné est davantage en position de force pour tenter d'obtenir le poste visé.

Allemagne. Rien n'est sûr. Seul acquis : l'actuel commissaire Günther Verheugen (SPD/social-démocrate) s'en va. Les élections générales ont lieu en septembre. Et tout dépendra de la coalition qui sortira des urnes : la grande réunissant (comme aujourd’hui) CDU-CSU et SPD ou une coalition CDU-FDP voire CDU-FDP-Grüne. Chaque parti a donc un ou plusieurs candidats. Coté SPD (Social-démocrate), c’est simple : Martin Schulz, leader du PSE au Parlement européen a été désigné comme le candidat. Coté CDU (PPE), c’est plus confus. Un candidat idéal aurait été Wolfgang Schaüble (ancien leader de la CDU/PPE, actuel ministre de l'Intérieur). Mais il a été le concurrent d’A. Merkel. Interrogé officiellement Angela Merkel a refusé d’indiquer qu’il pourrait être son candidat, ce qui est une sorte de démenti tacite. Un des candidats préférés de la Chancelière était au départ, Peter Hintze (secretaire d'Etat à l'Economie). Mais on mentionne également le nom de l’expert économique, Friedrich Merz, voire du spécialiste de la politique étrangère, l’eurodéputé Elmar Brok. En cas d'alliance, avec les Verts ou les libéraux, il parait difficile que les Unions chrétiennes (CDU, CSU) acceptent un candidat qui ne soient pas des leurs (on se souvient du parcours calvaire de Schreyer attaqué sans cesse durant son mandat). Dommage car le nom de Joshka Fischer, parfois cité, aurait fait un bon candidat. Côté portefeuille, l’Allemagne pourrait viser la Concurrence ou l'Economie/Finances. Point important : lors de leur rencontre à Paris en juin, Angela Merkel et surtout Nicolas Sarkozy ont affirmé qu’ils avaient un accord réciproque pour soutenir les prétentions et candidats respectifs de leurs deux pays à la Commission.

Autriche. La commissaire aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner (OVP/PPE) aurait bien voulu rester. Mais la coalition au pouvoir socialiste/chrétienne démocrate (SPO/OVP) ne l'entend pas de cette oreille. Wilhelm Molterer, porte-parole constitutionnel de l'OVP au parlement national est le candidat le plus récemment cité. Mais l’intéressé, interrogé par la presse, a encore refusé de répondre qu’il était candidat. Autre candidat possible pour le poste de Haut représentant à la politique extérieure, Ursula Plassnik (ÖVP), la Ministre des Affaires étrangères.
Poste possible : l’élargissement.

Belgique. Avec le départ de Louis Michel (MR/Libéral), au Parlement européen, le renouvellement du poste Belge est déjà acquis. Le Ministre des Affaires étrangères Karel de Gucht (VLD/Libéral) prend le poste de commissaire au Développement dans la Commission actuelle. Selon le principe de rotation linguistique propre au pays, le francophone doit céder la place à un Flamand, plus précisément, un libéral flamand, selon la répartition actuelle de la coalition au gouvernement fédéral.  Et il devrait le rester dans la future Commission. Mais à un autre poste. Il vise un poste plus prestigieux comme celui de Haut Représentant pour la politique étrangère.

Bulgarie. L'actuelle commissaire à la Consommation, Meglena Kuneva (MSNE Mouvement Siméon II/Libéral) a été élue au Parlement européen. Mais ne veut pas y siéger. Son renouvellement à la Commission en 2009 n’est cependant pas acquis. Le nouveau Premier Ministre Boiko Borisov ayant toujours indiqué qu’il souhaitait un nouveau nom, proche ou membre de son parti. Le nom de Roumiana
Jeleva (GERB / PPE), sociologue de renommée, actuellement eurodéputée est souvent citée.

(à confirmer) Chypre. L'actuelle commissaire à la Santé, Androulla Vassiliou (Libéral), veut être renouvelée. Mais le gouvernement (gauche) pourrait lui préférer un autre candidat.

Danemark. La commissaire actuelle à l'agriculture, Mariann Fischer-Boel (Venstre/Libéral), a fait un bon travail, assure-t-on à Copenhague, et pourrait être renouvelée. Le Danemark vise à garder le même poste : Agriculture. Ce qui lui est contesté par les Etats « agricoles » (France, Roumanie…).

Espagne. Le commissaire actuel à l'Economie, Joaquim Almunia (PSE), est candidat au renouvellement et son gouvernement est prêt à l'appuyer. Javier Solana, vient d'indiquer qu'il abandonnerait le poste de Haut représentant à la Politique étrangère, à la fin de son mandat (octobre).

Estonie. Le commissaire actuel à l'Administration, Siim Kallas (passé du PC au Parti de la Réforme/Libéral) devrait rester. Il est candidat au renouvellement et son gouvernement l’appuie.

Finlande. L'actuel commissaire à l'élargissement, Olli Rehn (Parti du centre/Libéral), est bien parti pour être renouvellé. Il visait un poste "Affaires étrangères", ce qui paraît exclu. Mais les questions énergétiques ou la coopération au développement auraient également sa préférence.

France. Le candidat "naturel" pourrait être Michel Barnier (UMP/PPE, actuel ministre de l'agriculture et ancien ministre des Affaires étrangères et ancien commissaire à la politique régionale - tête de liste aux élections européennes). La France vise un poste économique d’importance (Marché intérieur ou Concurrence) voire le poste de Haut représentant.

Grèce. Le commissaire actuel à l'environnement, Stavros Dimas (Nouvelle Démocratie/PPE) est candidat au renouvellement. C'est une vraie réussite (une des seules !) de cette Commission. On ne le repétera jamais assez.

Hongrie. Le commissaire actuel à la fiscalité, Laszlo Kovacs (ex PC devenu social-démocrate au MZSP/PSE), ne serait pas renouvelable. Il pourrait être remplacé par l’actuel Ministre des Affaires étrangères, Péter Balázs (affilié PSE), brièvement commissaire en 2004.

Irlande. A la place du commissaire au marché intérieur, Charlie McCreevy (Fianna Fail/Libéral), qui devrait quitter son poste, le nom de;. Au sein de celui-ci, trois noms sont cités: Mary Harney, la ministre de la Santé, Mary Coughlan, ministre des Entreprises, du Commerce et de l'Emploi, ou Noël Dempsey, le ministre du Transport. Si l’Irlande veut viser un poste plus important elle pourrait envoyer deux personnalités en cote à Bruxelles : Pat Cox, l’ancien président du Parlement européen (Libéral), ou John Brutton, actuel chef de la  délégation de la CE aux Etats-Unis et ancien Premier ministre (Fine Gael/PPE). Seuls hics, ce deux hommes n'appartiennent pas à un parti au pouvoir. Mais des arguments plaident en leur faveur, y compris au plan de la politique interne.
Lire l’excellent commentaire de Jamie Smith du quotidien "Independant".

Italie. Le commissaire actuel au Transport, Antonio Tajani (Forza Italia/PPE), nommé récemment par Berlusconi, devait être reconduit. Mais récemment, Berlusconi a évoqué la revendication du poste de Haut Représentant pour Franco Frattini qui repartirait ainsi à Bruxelles (il était commissaire à la Justice et aux Affaires intérieures de novembre 2004 à mai 2008).

(à confirmer) • Lettonie. Le commissaire actuel à l'Energie, Andris Piebalgs (Latvijas Cels "la voie lettone"/PPE), propulsé par défaut (la candidate Ingrida Udre avait alors été recalée par le Parlement) n'a pas fait un si mauvais parcours malgré des débuts balbutiants. C'est un des rares à ne pas vouloir vraiment rempiler mais dont le gouvernement a bien du mal à remplacer.

Lituanie. La commissaire chargée du budget, Dalia Grybauskaité, étant devenue Présidente de Lituanie après une élection triomphale le 17 mai 2009, elle a déjà été remplacée par Algirdas Gediminas, qui a été ministre des Finances à plusieurs reprises en Lituanie. Celui-ci pourrait rester dans la Commission 2009.

Luxembourg. La commissaire chargée de la société de l'information, Viviane Reding (CSV/PPE), a été désigné par le son pays pour rester à la Commission. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui a longtemps été le "meilleur candidat entre tous" à la tête de la Commission européenne, n'est pas du tout cité dans cette perspective. Il exerce actuellement la présidence de l'Eurogroupe – la réunion des Ministres des Finances de la zone Euro .

(à confirmer)Malte. Le commissaire chargé de la Pêche, Joe Borg (Parti national/PPE) est candidat à la reconduction.

Pays-Bas. L'actuelle commissaire à la concurrence, Neelie Kroes (VVD/Libéral), malgré son bon parcours, pourrait ne pas être reconduite. Elle a le tort de n’être du même bord que la coalition au pouvoir (même si elle est soutenue également par les Verts et D66). Le problème est de trouver un commissaire qui fasse le consensus entre les deux partis de la coalition. Au CDA/PPE (Chrétien-démocrate), on estime qu'après deux libéraux (Bolkestein, Kroes), il est temps d'avoir un commissaire chrétien-démocrate. Peuvent être candidats Piet-Hein Donner (ministre des Affaires sociales) ou Cees Veerman (ancien ministre de l'agriculture, déjà candidat en 2004) mais un outsider de poids pourrait être Jaap de Hoop Scheffer qui termine son mandat à l'OTAN si le poste de Haut Représentant à la politique étrangère lui est offert (lire ici). Du coté du PVDA/PSE (social-démocrate), l'autre partenaire de la coalition, sont en lice Frans Timmermans (Affaires européennes) ou son prédécesseur Dick Benschop.

Pologne. Malgré la désignation d’un autre commissaire, Pawel Samecki, pour remplacer Danuta Hübner au portefeuille de la Politique régionale dans l’actuelle Commission, c’est Jacek Lewandowski (PO-PPE, député européen) qui tient toujours la corde à Varsovie pour être le nouveau commissaire. Ancien de Solidarnosc, vice-président de la Commission budget au Parlement européen. Porfeuilles convoités : un poste "économique" important (dixit le Premier ministre Tusk). Ce pourrait être en fait : l’industrie – PME, voire l’énergie qui a également été évoqué.

Portugal. C'est simple. José-Manuel Barroso (PPE), président de la Commission, est candidat au renouvellement. Et le gouvernement (social-démocrate) de Socrates le soutient. Au nom de la solidarité nationale mais aussi car il est toujours préférable de laisser un potentiel concurrent loin de Lisbonne. Si par un singulier hasard, il échoue à être désigné comme président, la question reste alors ouverte. Et on pourrait entendre reparler d'Antonio Vitorino qui a laissé un excellent souvenir comme commissaire Affaires intérieures et Justice, et avait été débarqué pour faire la place à J.-M. Barroso.

Roumanie : l'actuel commissaire au Multilinguisme, Leonard Orban (PNL/Libéral) serait remplacé. Même si Lazar Comanescu, l’ancien représentant auprès de l'UE et ministre des Affaires étrangères, a été souvent cité, c’est davantage le ministre de l’Agriculture, Davian Ciolos, qui a la cote à Bucarest. Il a le soutien des deux principaux partis (socialiste du PSD et libéral du PDL). Et la Roumanie qui veut un autre poste qu’un strapontin, vise le poste de commissaire à l’Agriculture (une revendication soutenue par la France).

(à confirmer) • Royaume-Uni. L'actuelle commissaire (Commerce), Catherine Ashton (Labour/PSE), nommée il y a peu en remplacement de Mandelson reparti à Londres, voudrait bien être renouvelée. Mais son parti a dû mal à suivre. Et le gouvernement Brown a, pour l'instant, d'autres chats à fouetter que de nommer un représentant à Bruxelles. En cas de pression accrue pour le gouvernement, ou de nouveau départ de ministre, le poste de Commissaire pourrait être une porte de sortie.

Slovaquie. Le commissaire à l'Education, Jan Figel (KDH/PPE) s'en va. Même si le nom de Milan Urbani, député du LS-HZDS, est souvent cité, le commissaire devrait être désigné par le parti majoritaire au gouvernement (SMER/PSE) qui a gagné les élections européennes. Deux candidats : l'ancien Ministre des affaires étrangères, Jan Kubis (SMER/PSE), ou l'actuel, Miroslav Lajcak, qui était il y encore peu haut représentant de l'UE en Bosnie-Herzégovine.

Slovénie. Le commissaire actuel à la Recherche, Janez Potocnik (LDS/Libéral) qui était donné un moment partant de la Commission se verrait bien reconduit. Il semble avoir le soutien du gouvernement actuel (coalition gauche et petits partis du centre). La seule alternative sérieuse pourrait être l'ancien Premier ministre, Anton Rop (aujourd'hui social-démocrate/PSE).

Suède. Pour remplacer Margot Wallström (PSE), le gouvernement suédois de centre-droit a la tâche délicate de désigner son candidat alors qu'il préside l’Union européenne au 2e semestre 2009. Un candidat possible pourrait être l'ancienne députée européenne, passée ministre, Cécilia Malmström (PPE). Mais cela l'obligerait à abandonner son poste avant la fin de la présidence (à moins que Wallström accepte de pousser les feux d'un mois ou deux). Quant à l'actuel ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt (Modérés/PPE), il a récemment déclaré forfait ; sa candidature au poste de Haut Représentant étant apparemment refusée par plusieurs pays.

Rép. Tchèque. Tout dépend du résultat des élections législatives anticipées. Les partis s’étant mis d’accord pour ne pas révéler le nom de leur candidat qu’après les élections d’octobre. Parmi les candidats potentiels, l'actuel commissaire européen à l'Emploi, Vladimir Spidla (CSSD / PSE) qui souhaiterait rester à Bruxelles. L’ancien Premier ministre Mirek Topolanek (ODS / ECR) se verrait bien revenir sur le devant de la scène ; ce qui serait une consolation pour celui qui a été défait en plein milieu de la présidence tchèque de l’UE et ce qui serait une sorte de continuité (Spidla également avait été Premier ministre). Ce d’autant qu’un accord entre les deux principaux partis – cités par les médias tchèques – mentionne que le poste irait au leader du parti qui n’obtiendrait pas le poste de Premier ministre. Selon cet accord, si les socio-démocrates ne l’emportent pas, ce serait Jiri Paroubek (CSSD/PSE). D’autres noms ont également été cités comme Jan Fischer, l’actuel Premier Ministre du gouvernement technique (sans étiquette), voire le candidat défait à la présidentielle, Jan Svejnar (proche PSE ou Verts) ou Jan Kohout, l’actuel ministre des Affaires étrangères (affilié PSE). Parmi les portefeuilles visés : l’énergie, la science et la recherche, ou les affaires sociales.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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