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La carte du tendre européen

(archives B2) Classer les pays européens sur une carte du tendre, politique et économique, européen relève d’une certaine gageure, tant la politique d’un État peut différer à court terme ou à moyen terme, tant les positions peuvent être varier entre l’État central et les collectivités locales (Allemagne), entre l’opposition et la majorité (Espagne) ou même au sein de la coalition au pouvoir (Italie, France).

Le pays sera davantage classé suivant sa tendance de fond bien que des nouveautés puissent apparaître. Ainsi, en Italie, qu’on pouvait jusqu’à présent classer dans les pays fédéralistes, est apparue récemment une divergence entre les positions du premier ministre Amato et du ministre des affaires étrangères Dini, l’un se cantonnant sur la ligne.

Etat fédéral, structure intégrée ou Union d'Etats

Les pays européens se regroupent sur l’Europe politique en trois tendances : fédéraliste (un État fédéral) - “une Europe fédérale dotée d’un gouvernement fort avec un découpage précis des tâches” -, intégrationniste (une communauté intégrée) - “poursuite des avancées communautaires dans une intégration de plus en plus poussée mais avec respect de certaines prérogatives nationales” - ; et souverainiste (une Union d’État) - “souci de préserver la sphère de compétence des États”. Dans cette dernière catégorie, se regroupent des pays qui ont parfois des vues complètement différentes en matière de préservation de leur compétence, le Royaume-Uni par souci de libéralisme, la Suède par souci social-démocrate. Il faut remarquer que la position réservée de la Suède pourrait évoluer avec sa prise de fonction de présidence. En général, commente un diplomate, « un pays qui obtient la présidence devient plus euro-enthousiaste ». Dernier exemple en date, la Finlande.

Intervenir dans l'économie ou laisser faire

La position des États membres sur l’Europe économique peuvent recouper une carte différente. On peut cerner trois tendances. L’une, de modèle colbertiste, entend défendre un pôle important de services publics et un certain rôle d’intervention pour l’État. L’autre, plus souple sur les services publics, de modèle bismarkien, n’entend pas laisser la place au tout libéralisme mais se fonde davantage sur les rapports de force syndicaux, sociaux ou territoriaux (force du régionalisme) pour établir des règles au libre marché, la troisième enfin obéit à une logique davantage libérale classique.

Une place à l'office ou à la table

Quant aux 13 pays candidats, ils voient la déclaration Fischer, et notamment le projet de pays d’avant garde, comme une véritable déclaration de guerre, leur laissant entrevoir une fois leur adhésion acquise qu’une place à l’office et non à la table. Du point de vue économique, leur politique ne permet pas de les classifier suivant les mêmes critères que les pays occidentaux. De pays hyper-administrés, avec une agriculture et industrie totalement ou en partie nationalisée, ils doivent rejoindre l’économie de marché, la politique de libéralisation qu’ils mènent est donc difficilement comparable. Attention donc ! Le classement est donc très sommaire et sujet à caution tout comme à discussion. NB : Il est aussi lié à la politique du gouvernement national du moment.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Paru dans France-Soir, juin 2000

Pays

Quelle Europe politique

Quelle Europe économique

Les Quinze

Allemagne fédéraliste dialogue social
Autriche fédéraliste dialogue social
Belgique fédéraliste interventionniste
Danemark Union d’États sociale
Espagne intégrationniste libre marché
Finlande intégrationniste dialogue social
France intégrationniste interventionniste
Grèce intégrationniste interventionniste
Irlande intégrationniste libre marché
Italie * fédéraliste interventionniste
Luxembourg fédéraliste dialogue social
Pays-Bas fédéraliste libre marché
Portugal intégrationniste interventionniste
Royaume-Uni Union d’États libre marché
Suède Union d’États dialogue social
Espace économique
Islande Union d’États dialogue social
Liechtenstein Union d’États
Norvège Union d’États dialogue social
Pays Candidats
Pologne intégrationniste interventionniste
Hongrie fédéraliste dialogue social
Rép. Tchèque intégrationniste libre marché
Slovaquie intégrationniste interventionniste
Bulgarie intégrationniste libre marché
Roumanie intégrationniste interventionniste
Estonie intégrationniste libre marché
Lettonie intégrationniste dialogue social
Lituanie intégrationniste dialogue social
Slovénie intégrationniste dialogue social
Malte intégrationniste libre marché
Chypre intégrationniste dialogue social
Turquie Intégrationniste interventionniste
Autres
Suisse (hors EEE) Union d’États dialogue social

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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