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Un comité de sécurité UE-Russie plaide le triangle de Weimar

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(B2) C'est au frais, sous les arbres du Quai d'Orsay (endroit charmant, cf. photo) que les ministres des Affaires étrangères du triangle de Weimar français (B. Kouchner), allemand (K. Westerwelle) et polonais (R. Sikorski) se sont rencontrés mercredi. Triangle, je devrais dire rectangle. Car il y avait un quatrième larron à table. Et quel larron ! : le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Le partenariat avec la Russie est un objectif stratégique de l'UE, ce n'est pas du tout, au contraire, un facteur de division » a précisé Bernard Kouchner à la fin de la rencontre.

Au menu des discussions

La question de Kaliningrad et des visas pour les Russes, le Khighizstan — où l'Union européenne avec l'OSCE prépare des décisions (1) — ; et la sécurité européenne. Il a ainsi été mention de la récente proposition allemande, faite lors du sommet bilatéral entre les deux pays, début juin, de créer un comité UE-Russie chargée de régler les grandes questions notamment de sécurité. Selon Medvedev, les autres participants auraient acquiescé derechef à cette idée. En fait, il semble plutôt qu'il y ait un accord pour un forum de discussion permettant de régler 'de manière globale' les conflits gelés aux marges de l'UE : de la Transnistrie, comme du Haut Karabakh, ou de la Bosnie. Allemands et Russes seraient ainsi favorables à une présence européenne renforcée en Transnistrie (2) — cette république autoproclamée indépendante de l'est de la Moldavie. « Nous avons à proposer ensemble, avec d'autres membres de l'UE et d'autres ministres des Affaires étrangères, ces éléments (pour le règlement global) qui doivent être repris par l'Union européenne » a précisé ainsi Bernard Kouchner.

Un comité UE-Russie : une bonne idée ?

Indéniablement, oui. Car il est plus qu'urgent qu'Européens et Russes s'entendent, directement, sans intermédiaire, et sans présence de tiers, sur certaines questions fondamentales touchant à leur sécurité. Mais une idée oh combien perverse également. Nul doute que la création de ce comité a aussi pour objectif (coté russe) d'une part de diminuer l'importance du comité Otan-Russie qui a souffert lors de la guerre de Géorgie. La Russie a toujours poursuivi l'idée d'une Europe autonome du continent américain, plus proche de Moscou que de Washington. Et tous ses efforts vont dans ce sens. Pour la Russie, il s'agit aussi de mettre un pied d'une certaine façon dans l'UE, de pouvoir peser sur ses décisions. A l'OSCE ou à l'ONU où les décisions se prennent par consensus, elle peut bloquer certaines décisions. Pas à l'UE... sauf par le biais des alliés fidèles (Italie et Allemagne en tête). Si l'UE se décide à mettre en place un tel comité ou une idée analogue, elle devra veiller à ne pas tomber dans ce piège.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Kirghizstan: le COPS discute de l'engagement européen
  2. Présence européenne renforcée en Transnistrie

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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