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L’Allemagne reprend le flambeau de la défense européenne

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(BRUXELLES2) L'Allemagne qui, ces dernières années a été plutôt timorée sur l'Europe de défense (1), tend à vouloir reprendre le flambeau de la PSDC de façon plus ambitieuse. Le propos de Guido Westerwelle, le vice-Premier ministre allemand et ministre des Affaires étrangères, lors de la conférence de Münich sur la sécurité, le 6 février, mérite l'attention.

En effet, Westerwelle remet non seulement en avant des objectifs importants pour la défense : partage et répartition et partage des tâches, capacité indépendante de gestion des crises. Il fixe un objectif à long terme : l'armée européenne. Et surtout il définit la défense comme un objectif politique d'une Europe plus puissante sur le plan international et plus intégrée au niveau interne. A l'écouter, le projet de PSDC pourrait être, un peu comme l'a été le Marché unique, un projet moteur qui permettrait à l'Europe d'avancer. Il réfute également toute critique de possible doublon avec l'OTAN, estimant que la contribution de la défense européenne est, justement, une contribution au partenariat euro-Atlantique. Enfin, il estime nécessaire de réfléchir sur la proposition russe d'un nouveau cadre de sécurité européenne.
Après le Livre vert britannique, qui est d'une autre teneur (mais pas sans intérêt), voici le deuxième grand Etat européen à se positionner, en quelques jours, sur la défense européenne. Très intéressant.

L'Europe doit être à la hauteur des enjeux.  « Le gouvernement allemand veut avancer sur ce chemin (de la défense commune). L'objectif de long terme est l'établissement d'une armée européenne sous le plein contrôle parlementaire. L'Union européenne doit être à la hauteur de son rôle politique d'acteur mondial. Cela signifie qu'elle soit capable de gérer des crises de façon indépendante. Cela signifie aussi qu'elle soit disponible pour répondre rapidement, de façon flexible et avec une position unique. Pour réaliser cela, cependant, (l'UE) doit être capable de mettre en commun ses ressources de définir des priorités et de répartir ses responsabilités, même en des temps où les moyens sont de plus en plus rares».

La Défense un projet d'intégration européenne. « La "coopération structurée permanente" envisagée par le Traité de Lisbonne fournit une possibilité d'avancer ensemble avec des Etats membres différents afin de continuer à développer une vision de l'Europe. Le projet de la politique de défense et de sécurité commune de l'UE agira comme un moteur d'une plus grande intégration européenne ».

La défense européenne n'est pas dirigée contre l'OTAN. « Nous voulons une gestion de crise européenne. L'intention n'est pas de remplacer les autres structures de sécurité (NB : l'Otan). Davantage d'Europe n'est pas une stratégie dirigée sur quelqu'un en particulier. Il n'y a pas de raison de craindre l'Europe. Mais tout le monde devrait pouvoir compter sur l'Europe. La PSDC est la réponse de l'Europe à la mondialisation. C'est notre contribution au partenariat de sécurité Euro-Atlantique. » explique le Ministre. Et d'ajouter : «L'OTAN, aussi, cherche de nouvelles réponses à la mondialisation. Nous soutenous son travail sur un nouveau concept stratégique qui voit la sécurité dans un contexte politique global. Cela, aussi, appuiera le partenariat de sécurité euro-atlantique. »

Un accord doit se faire avec la Russie. Au passage, le ministre allemand affiche sa différence avec la position américaine sur le projet russe de sécurité. « Le partenariat stratégique avec la Russie n'est pas seulement une des clés de la sécurité européenne, elle aussi vitale pour résoudre les problèmes mondiaux. Nous voulons un partenariat et nous voulons continuer à le développer dans des zones où nous avons des intérêts communs. Cela inclut une discussion substantielle sur les propositions de sécurité européenne présentées par le président Medvedev ». Une position substantiellement différente de la position d'Hillary Clinton, la Secrétaire d'Etat américaine qui, à Paris fin janvier, ne cachait pas son scepticisme sur cette proposition (pour être poli :-)).

Extrait de l'intervention (en allemand) sur l'armée européenne:

(1) Même si le précédent gouvernement le déniait, lire : F.-J. Jung: l’Allemagne pas moins enthousiaste qu’avant

(crédit photo : Münich Security Conference, Kai Moerk)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “L’Allemagne reprend le flambeau de la défense européenne

  • Le discours de Westerwelle, ainsi que celui du Secrétaire général de l’OTAN s’inscrivent en ligne droite de la stratégie décrite par Thomas Barnett dans son second livre “Blueprint for Action”.

    Une remarque toutefois sur la coopération invoquée – et applaudie – entre l’OTAN et les Nations unies. Aussi longtemps que les Nations unies se réfugieront derrière la souveraineté inaliénable et inviolable des états, cette organisation restera toujours loin en deça d’un mandat devenu d’aileurs presque obsolète.

    C. de Hennin

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