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La position française sur le bouclier anti-missiles, prudente réticence

Le Command et Control, centre nerveux du bouclier anti-missiles, et objet de toutes les attentions des Français

(BRUXELLES2 à Chicago) La position française sur le bouclier anti-missiles, mis en place par l'OTAN (à la demande des Américains), a évolué au fil du temps. De très réticente, au début du projet, cette position est devenue moins hostile au fil des années, estimant que défense anti-missiles était complémentaire de la dissuasion nucléaire. Mais il y encore des résistances, des réticences qui ne s'expriment pas qu'à gauche. Avant de céder ses fonctions, Gérard Longuet, le ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy avait ainsi souligné - devant quelques journalistes dont B2 - que tout ne pourrait pas être réglé à Chicago. « Il y a toute une série de questions qui ne pourront pas être réglées à Chicago, en l’état de l’art, de la technologie, et des finances. » A commencer par celle des déchets. « Que se passe-t-il avec les débris et déchets d'un missile intercontinental détruit sur le territoire européen pour protéger le territoire américain » ? De façon plus générale, il avait aussi exprimé certaines réticences sur ce bouclier anti-missiles, « ce mythe de la protection absolue » qui existait déjà « avec la guerre des étoiles » et existe toujours. La « défense de théâtres d’opération contre des missiles à courte portée est en partie plausible (tandis que la défense de territoires contre des missiles à longue portée reste hautement problématique ». Et de conclure par un plaidoyer en faveur de la dissuasion nucléaire : « le rapport coût rendement justifie pleinement le choix français de la dissuasion. Ce qui évite de le faire payer à un prix trop élevé. »

Les 4 conditions posées par la France

François Hollande, comme auparavant son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ont repris à Chicago, à leur compte certaines des préventions françaises. Le Président de la république a ainsi résumé, dimanche en fin d'après midi (heure de Chicago), les quatre conditions posées par la France : 1° La défense anti-missiles « ne peut pas être un substitut à la dissuasion nucléaire mais un complément » (NB : une tradition française qui figure dans la déclaration adoptée) ; 2° il doit y avoir un « contrôle politique de son utilisation. Nous aurons y à travailler » (NB : il s'agit essentiellement des règles d'engagement qui ont été approuvées pour la capacité intérimaire avant la réunion) ; 3° il importe que « nos industriels soient directement intéressés » ; 4° il doit y avoir une « maitrise des coûts pour qu'il y ait pas une dérive financière qui serait insupportable pour le budget de l’Alliance ».

La France donne son quitus au bouclier anti-missiles

François Hollande a ajouté un cinquième principe : « Il ne peut pas être question que des pays se sentent menacés par cet dispositif anti-missiles, je pense notamment à la Russie. Le dialogue avec la Russie doit donc être maintenu ». Et de conclure « Sur ces 4 conditions, le communiqué final nous donne satisfaction ».

Commentaire : même si le nouveau président français a crédité à son compte le succès de l'entreprise, on ne peut dégager entre la gauche et la droite française de grandes différences d'approche. Sur ce point, la position française est restée plutôt identique.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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