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Pour les Britanniques, le retrait au bout du fusil ?

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(crédit : Ministère de la défense britannique - Lewis Whyld/PA Wire)

(BRUXELLES2) « Ce qui m'importe c'est la sécurité dans les rues britanniques. Pas que les jeunes femmes afghanes aillent à l'école » la petite phrase qui ponctue l'interview donnée par le nouveau ministre de la défense britannique au Times est claire. Liam Fox est en Afghanistan, avec ses homologues des Affaires étrangères et du Développement, William Hague et Andrew Mitchell. Et sa conviction semble maintenant affirmée : en acceptant d'aller jusqu'à 10.000 hommes et femmes de de sa Gracieuse Majesté « nous sommes à la limite maintenant et je souhaiterai que nos forces rentrent à la maison aussi vite que possible ».

Un Afghanistan pas idéal mais autonome

Pour Liam Fox, ce n'est pas un recul dans la volonté de voir l'Afghanistan sécurisé. Mais un changement de focus. « Nous voulons un Afghanistan assez stable capable de veiller à sa propre sécurité. Et ainsi nous pourrons le quitter sans crainte que cela explose... Mais soyons clair, c'est loin d'être parfait ». « Nous ne sommes pas là dans un souci de la politique d'éducation d'un pays brisé. Nous sommes là pour que la population britannique et nos intérêts mondiaux ne soient pas menacés ».

Une politique moins interventionniste

Le ministre de la Défense fixe un critère d'intervention à l'avenir « La sécurité nationale est notre préoccupation maintenant. Nous ne sommes pas un policier mondial. Nous avons des obligations de résoudre la pauvreté et (promouvoir) les droits de l'homme mais ce n'est pas différent en Afghanistan de douzaines d'autres pays. » « Nous ne devrions pas déployer des troupes britanniques à moins qu'il y ait des considérations d'urgence humanitaire irrésistible ou un impératif de sécurité national »

Une volte-face...

C'est une volte-face par rapport à la politique britannique suivie jusqu'à alors par le cabinet travailliste au pouvoir Blair-Brown. L'évolution semble nécessaire, vu la situation sur le terrain et les restrictions budgétaires nécessaires. L'engagement indéterminé en Afghanistan n'est plus tenable. Les Pays-Bas avaient déjà annoncé leur retrait, au prix même d'une crise gouvernementale (1) ainsi que le Canada. Le Royaume-Uni n'a plus les moyens de soutenir une situation d'engagement militaire prolongé de haute intensité.

... à observer avec attention

C'est aussi - il ne faut pas s'y tromper - une inflexion plus profonde de la politique britannique qui ne se contentera plus d'être le gentil toutou des Américains (2) et ne voudra plus intervenir systématiquement avec des moyens militaires. Il faudra dans les jours et les mois prochains être attentifs à ce qui vient de Londres car, assurément, cela peut infléchir et influer sur la politique européenne de défense. Sans doute plus qu'on ne le croit...

(1) Le gouvernement NL chute sur l'Afghanistan, un tournant de la guerre...

(2) Une relation "franche" est-il inscrit dans le programme de gouvernement, lire : Avec les Brit' ca va "déménager"...

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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