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Le chef d’Etat major belge claque la porte

Le général Delcour en visite aux pilotes des F-16 déployés en Grèce sur la base d'Araxos pour l'opération Unified Protector de l'OTAN en Libye (Crédit : armée belge)

(BRUXELLES2) C'est désormais officiel. Le général Charles-Henri Delcour claque la porte comme chef d'Etat-Major des forces belges et a remis très officiellement sa démission au Premier ministre, Elio Di Rupo, comme le relate le quotidien flamand De Morgen.

Une démission "retenue" jusqu'à là

Ce n'est pas une totale surprise pour ceux qui suivent de près la Défense belge. Entre le ministre et son chef d'Etat-Major, l'entente était loin d'être parfaite. Selon nos informations, le chef d'Etat-Major avait déjà proposé, il y a quelques mois, sa démission - ou du moins en avait parlé de façon suffisamment précise pour qu'elle soit prise très au sérieux. Mais l'état politique du pays - avec un gouvernement provisoire - avait repoussé cette décision. Les divergences ne manquaient pas. Les coupes budgétaires successives comme l'équipement de l'armée et un engagement toujours plus soutenu au niveau international avaient été autant d'occasion d'afficher, plus ou moins discrètement, il y avait nombre de sujets de friction. La politique de nominations des officiers généraux a été la goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà bien plein.

Equipements, engagements à l'étranger, les motifs de dissension ne manquaient pas

Il y a un an, on se rappelle également de coups de sang de Delcour protestant contre les décisions qui ne permettaient plus à l'armée de maintenir son haut niveau opérationnel, selon lui. Plusieurs notes "fuient" alors dans la presse. Le quotidien flamand De Standaard s'en fait l'écho notamment. La faiblesse des investissements et du budget belge est évoquée sans ménagement. De même que certains choix. L'équipement d'un chasseur de mines aux dépens des véhicules de l'armée de terre est critiqué.

Le déploiement de troupes à l'étranger, qui ne peut être soutenu à un rythme aussi soutenu, est aussi dans la loupe du patron des armées qui a, apparemment, pas vraiment digéré d'être mis devant le fait accompli de l'engagement en Libye. Dans la foulée, le chef d'Etat-Major propose de mettre fin à l'engagement au Liban (Finul II) et au Congo (avec la mise à disposition d'un C-130 de la Monusco). Cette dernière décision sera "retoquée" par le Conseil des ministres ; de même que sa proposition sur le Liban, les Belges retirant une partie de leurs forces et se recentrant sur le déminage.

NB : comme tout est politique en Belgique surtout à un haut niveau de nomination, à l'opposé de l'échiquier politique du ministre CD&V (chrétien démocrate flamand), le PS francophone ne portait pas non plus en odeur de sainteté le chef d'Etat-Major qui portait tout le poids d'une restructuration - suppression de bases, diminution des effectifs, recentrage des missions.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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