B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogAfrique Nord Libye

Des hélicoptères Gazelle et Tigre engagés en Libye. C’est confirmé (maj2)

(crédit : ministère français de la Défense / DICOD)

(BRUXELLES2) Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, l'a confirmé à mi-mot, en marge du conseil des ministres des Affaires étrangères et de la Défense qui se tient à Bruxelles. La France a bien décidé d'engager des moyens supplémentaires en Libye. Mais, a-t-il tenu à avertir : « il ne s'agit pas d'un changement de stratégie. Nous poursuivons toujours la même stratégie : protéger les civils, affaiblir les forces de Kadhafi. » « Nous agissons dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies et de la planification de l'OTAN. Il s'agit de mieux adapter moyens au sol, permettant d'avoir des moyens plus précis » a-t-il ajouté.

Attaquer les lignes de ravitaillement

Selon nos informations, ces hélicoptères, des Gazelle et des Tigre - « dont le nombre n'est pas précisé pour ne pas donner trop d'indications stratégiques » (Le Figaro, ce matin, parle de 12 - mais ce nombre pourrait varier selon les moments et être plutôt de l'ordre d'une quinzaine, selon nos dernières informations), embarqués à bord du porte-hélicoptères Tonnerre, et équipés de missiles Hot permettraient de viser des cibles que les avions ne peuvent viser. « Parmi les cibles, des postes de commandement, des lignes de ravitaillement, et d'autres cibles plus mobiles, plus petites, avec moins de risque de dégâts collatéraux » - précise un officier. Mais il n'est « pas question de posé sur le sol. Il ne s'agit que d'avoir une possibilité supplémentaire » de neutralisation.

« L'intervention aérienne actuellement est décisive — a confirmé, en soirée, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, lors d'une rapide entrevue avec quelques journalistes (dont 'B2') — mais elle ne permet pas de traiter tous les objectifs, notamment la logistique de proximité, comme les batteries, les camions citernes ou de munitions. (...) Surtout quand ces moyens sont employés dans des milieux urbains où il est risqué d'intervenir (sans) dommages collatéraux ».

Les Britanniques également

A l'heure actuelle, la France a pris cette décision. « Et il n'y aucune difficulté posée par les Alliés » a tenu à préciser le ministre français des Affaires étrangères. Le ministre britannique William Hague a d'ailleurs tenu à souligner, à Bruxelles, qu'il « soutenait la position française » même s'il s'est refusé à préciser si le Royaume-Uni engagerait des moyens identiques.

(Maj) Selon nos informations, le Royaume-Uni devrait engager, de façon imminente, des « moyens identiques » aux cotés des Français. Gérard Longuet, le ministre français de la Défense a confirmé cet engagement après avoir discuté avec son homologue britannique. « Le plus tôt est le mieux ». L'armée britannique utilise généralement des Apache pour ce type de missions. Mais elle a également des hélicoptères Gazelle, utilisés en observation et reconnaissance. C'est le HMS Ocean (L-12) qui serait délégué à cette mission, avec environ 8 hélicoptères Apache.

On peut se rappeler que, depuis le début, la France a plaidé pour une attitude plus offensive et plus directe sur le "front" libyen, notamment en coupant les lignes de ravitaillement (essence, armement...) utilisées par les troupes de Kadhafi. Outre l'intérêt stratégique, l'emploi des hélicoptères peut aussi avoir un impact psychologique permettant de montrer aux forces de Kadhafi qu'ils ne pourront être en sécurité nulle part. Il signifie aussi d'une certaine façon que les alliés - au moins la France - ont une certaine confiance dans l'amoindrissement des forces de Kadhafi pour ne pas risquer un tir venu de terre. Enfin, rien n'interdit, le moment venu, d'autres usages comme la récupération de personnes (par exemple l'exfiltration de personnalités du gouvernement libyen désireux de passer à l'ouest...).

NB : les hélicoptères Tigre sont régulièrement engagés

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®