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D. Rogozine (Russie): une nouvelle résolution ONU ne se justifie pas. Pour l’instant

Dmitry Rogozine en 2008 (© NGV / Bruxelles2)

(BRUXELLES2) L'ambassadeur russe auprès de l'OTAN, Dmitry Rogozine, affiche une sérieuse réticence (c'est un euphémisme !) à l'égard d'une intervention militaire occidentale (OTAN) en Libye mais aussi d'une nouvelle résolution de l'ONU l'autorisant, du moins "pour l'instant", ainsi qu'il l'a confié (en russe) dans un entretien dont 'B2' a reçu la transcription.

Une nouvelle résolution ? Appliquons déjà les sanctions

Pour l'ambassadeur russe, une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies ne se justifie pas actuellement. « Des sanctions ont été prises ; elles sont justifiées et axées sur la normalisation de la situation. Pour l’instant, elles paraissent le meilleur outil pour régler la situation. Il n’y a donc pas de nécessité, actuellement, d’un feu vert à une opération militaire et le Conseil de sécurité des Nations-Unies n’est pas prêt à aller plus loin. » Ce n'est pas un veto russe en soi m'a expliqué un diplomate russe. C’est une position partagée par plusieurs Etats, y compris au sein de l’OTAN (France, Allemagne, Turquie). "Ceux qui sont en faveur d’une solution militaire sont actuellement isolés stratégiquement." a-t-il précisé.

Une action militaire : non justifiée pour l'instant

Une action militaire n'est pas justifiée actuellement souligne D. Rogozine. Il n'y a « pas de fait établi de l’utilisation de l’aviation militaire de Kadhafi contre les zones résidentielles de Kadhafi. Ce sont des rapports de journalistes que nous recevons. Mais pas des faits établis. C’est seulement sur les faits établis par le Conseil de sécurité de l’ONU que l’on peut prendre des décisions, on ne peut pas le faire uniquement sur la base de décisions des médias ».

Et d'ajouter : « N’y-a-t-il pas déjà assez de morts en Afghanistan et en Irak de soldats otaniens et américains. Ces deux conflits, très violents, très difficiles, devraient avoir vacciner l’Occident et l’OTAN contre les aventures militaires qui sont très difficiles à gérer. Peut-être faut-il penser à cela avant. »

Le lieu de décision : à New-York (siège des Nations-Unies) pas à Bruxelles (siège de l'OTAN)

La Russie est en « consultation permanente avec ses partenaires en Europe et avec les Etats-Unis. Nous observons la situation très rigoureusement. La décision finale sur une opération militaire éventuelle ne pourra être adoptée qu'à New-York, là où se trouve le conseil de sécurité des Nations-Unies. »

Avertissement aux tenants de la solution militaire

Et l'ambassadeur d'avertir « La concentration des forces armées au large de la Libye ne mène qu’à l’escalade du conflit en Libye ». Reprenant une phrase célèbre de l'écrivain russe Tchecov, il conclut « S’il y a un fusil suspendu sur le mur dans l’acte I, dans l’acte final, il tire ! »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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