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Cathy Ashton n’est “pas supporter de Kadfhafi” mais n’envoie aucun signal à Benghazi. Cherchez l’erreur !

Le porte-parole de Cathy Ashton a tenté aujourd'hui (mar 8 mars) de redresser l'impression négative laissée auprès de plusieurs confrères par la visite à Tripoli d'une délégation du service diplomatique européen (SEAE). La position européenne n'a pas changé, a indiqué Michael Mann, le nouveau porte-parole de Cathy Ashton. « C'est clair pour nous. Il faut que le régime Kadhafi parte, il faut une solution pour arrêter les violences contre les civils (...). Pour nous - c'est clair aussi -, nous avons vu des violations des Droits de l'homme en Libye ».

Quant à l'idée d'une possible mission d'évaluation indépendante ONU/UE, il ne la rejette pas formellement mais l'estime inappropriée actuellement. « Nous n'avons pas changé de point de vue et n'avons pas adopté le principe d’une mission d’évaluation. ». Ceci est une idée personnelle exprimée par plusieurs ambassadeurs de l'UE sur place, a-t-il ajouté. Et pour éviter toute confusion, il a précisé. « Cathy Ashton n'est pas, absolument pas, une supporter de M. Kadhafi ».

Un mauvais signal

Il est cependant un fait troublant. Une mission du service diplomatique est allée à Tripoli rencontrer un haut responsable du ministère des Affaires étrangères. Mais le Service diplomatique européen (SEAE) n'a, pour l'instant, pas pris de contact, officiel, avec la rébellion à Benghazi, le Conseil national libyen, pourtant reconnu plus ou moins officiellement par plusieurs pays européens : la France publiquement, l'Italie plus discrètement. Off, un diplomate vous explique que des contacts ont été pris avec des opposants résidant à Bruxelles. Mais rien sur place, en Libye.

Explication officielle pour cette attitude : « Il y a des questions logistiques à résoudre. Ce n'est pas facile d'accéder à Benghazi. » commente le porte-parole. « Si ça devient possible, on pourra l'envisager ». Malgré les apparences, il existe des "problèmes de sécurité", précise un diplomate européen.

Cette justification paraît ne pas tenir la route quand on sait que plusieurs navires dont un Britannique et un Italien ont accosté à Benghazi. Même si la mission "diplomatique" à Tripoli est qualifiée de "technique", c'est un geste politique envers le régime de Kadhafi. Ne pas faire le même geste envers l'opposition à Benghazi paraît aujourd'hui regrettable.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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