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Reportage

Dans les coulisses d’une informelle. Reportage photo

(B2 à Brdo) Une informelle est un vrai moment privilégié de discussion pour les ministres, à la fois pour échanger et tenter de rapprocher leurs points de vue. B2 vous emmène hors de la salle de réunion... que s'y passe-t-il ?

Il est loin le temps où l'informelle se déroulait sans agenda préconçu, loin des caméras et des téléphones. L'agenda est aujourd'hui assez cadré, les journalistes sont bien présents. Et les réseaux sociaux également. Mais le mythe de l'informelle perdure. Se déroulant une fois tous les six mois, dans le pays qui assure la présidence tournante, la rencontre reste incontournable pour un ministre.

La réussite d'une telle réunion tient à quelques petites choses, essentielles : le fond du débat bien entendu, mais également le cadre et le temps. À l'aune de ces critères, les deux réunions qui se sont succédé à Brdo en Slovénie — jeudi avec les ministres de la Défense, vendredi avec ceux des Affaires étrangères — ont été une réussite. La thématique de l'Afghanistan a dominé tout le débat. Le cadre, le parc et château de Brdo, mis à disposition par la présidence slovène de l'Union européenne, étaient idylliques, calmes, verts, avec de multiples recoins pour converser tranquillement. Et le temps a viré à l'azur magnifique.

Autour de la table, c'était autre chose, la débâcle de l'Afghanistan ne laissait personne indifférent (Lire : Ce qu’il faut retenir… des informelles défense et affaires étrangères (Brdo 2 et 3 septembre). L’Afghanistan domine toutes les conversations). Et l'heure n'était pas vraiment à l'autosatisfaction. Tous les ministres avaient d'ailleurs fait le déplacement. Les rares qui n'étaient pas là étaient représentés par un adjoint. Les apartés ont donc été nombreuses.


Le centre de conférences où se déroulent les principales discussions, au milieu d'un parc verdoyant. Calme et tranquilité assurés. La seule proximité sont les sportifs de l'équipe de football qui s'entraînent de l'autre côté. (© NGV / B2)
Le rituel de la photo de famille est incontournable. Pas toujours très follchon. Mais personne ne le rate. Cela permet de figer pour l'éternité la présence des uns et des autres. Pour AKK, la ministre allemande, c'était par exemple la dernière fois avec ses collègues européens de la défense... Sauf surprise électorale en Allemagne. Contrairement aux autres photos de famille, il n'y a pas de marque réservée pour chacun. Seul un petit scotch blanc pour se repérer. Seuls le Haut représentant et l'hôte slovène de la réunion ont leur place dédiée au centre. Le reste se place au petit bonheur... ou dans l'ordre d'arrivée. Tant pis pour les retardataires. (photo : Conseil de l'UE)
Les apartés entre ministres constituent un autre des points essentiels d'une informelle. Et la discussion continue quel que soit le lieu. Même sur le podium où a lieu la photo de famille. Ici le Haut représentant de l'UE, Josep Borrell (au gauche), avec l'hôte de la réunion informelle Défense, le Slovène Matej Tonin (à droite), et la ministre néerlandaise Ank Bijleveld (au centre). (© NGV / B2)
Les conversations sérieuses continuent y compris sur le podium. A gauche, le général Graziano et le ministre letton de la Défense Artis Pabriks. (© NGV / B2)
Idem le lendemain entre les deux ministres des Affaires étrangères, le Français Jean-Yves Le Drian (à droite), avec son homologue - et ami - luxembourgeois, Jean Asselborn (au centre, de dos). Ils sont deux des 'vétérans' des réunions européennes. A l'écart, mais l'oeil et l'oreille vigilant, le Portugais Augostos Santos Silva. Les trois ont défendu vaillamment une position plus ouverte vis-à-vis des Afghans 'les plus vulnérables'. Faisant face à un front déterminé des partisans déterminés d'une fermeture des frontières (pays d'Europe centrale essentiellement). (© NGV / B2)
Le point avec la presse est devenu un aspect primordial d'une informelle. Ce n'était pas l'objectif du départ. Le Gymnich visait en effet surtout à donner la possibilité aux ministres de pouvoir discuter entre eux sans risque d'être dérangé. Aujourd'hui, la presse est là et bien là. Et le passage par les micros tendus est sinon obligé du moins recommandé, au moins pour celui/celle qui veut faire passer un message, surtout au niveau national. Le ministre hongrois Szijjarto ne manque que rarement cet exercice, aussi important que la présence à l'intérieur. L'occasion de repréciser les principaux points de sa position nationale. Elle figure sur deux pages, dans son petit dossier, qu'il a relu juste avant, histoire de ne rien oublier. Le 'sans cravate' est voulu. C'est le code vestimentaire pour un Gymnich. Pour l'informelle défense, la consigne était plus stricte. Et les tenues plus corsetées de rigueur. (© NGV / B2)
Arrive l'heure du repas. Pour ceux qui ont le temps — journalistes ou membres des délégations —, la présidence slovène leur a réservé un petit havre de paix. Un restaurant sur une ile à 10 mn à pied de la salle de conférence. Un moment idéal pour faire connaissance, converser avec les uns et les autres... ou tout simplement souffler un peu. La photo est faite de loin à dessein pour conserver l'anonymat des militaires, conseillers, membres de l'administration, présents. Un personnel indispensable pour tenir la route sur une informelle, passer des notes au besoin, préparer des argumentaires. (© NGV / B2)
Des petits conciliabules se forment. C'est le boulot d'un porte-parole qui emmène 'ses' journalistes pour leur confier les dernières informations ou la version défendue par son ministre. Entre 'parler vrai' et 'spin', tout est possible. D'ordinaire c'est dans une salle, avec des chaises. L'informelle permet une attitude plus détendue. Le groupe ici est particulièrement nombreux : il comprend les journalistes germanophones. (© NGV / B2)
Autre ambiance pour le briefing français. Mis à part l'AFP (branche anglophone et germanophone) et B2, aucun journaliste français n'a jugé bon de faire le déplacement, alors que les télévisions polonaise, hongroise, par exemple étaient là… Alors la diplomate française au COPS, C. Raulin, fait un briefing par téléphone, sur un système type Zoom, pour les journalistes restés dans leurs pénates. Un procédé devenu tellement courant durant la crise du Covid-19 qu'il s'est installé dans les mœurs. Avantage : on peut le faire d'un peu n'importe où. Notre diplomate a choisi un coin tranquille à l'écart des autres conversations. Quoi de mieux que le podium destiné à la photo de groupe désormais plus usité. (© NGV / B2)
Les officiers de liaison au repos. Pièce indispensable du dispositif. De jeunes étudiant/es en sciences politiques ou relations internationales qui suivent pas à pas le ministre s'il doit se déplacer d'un point ou un autre de la réunion, et assurent la liaison (© NGV / B2)
C'est le temps du départ. Et d'un ultime bain de soleil sous forme de repos bien mérité, débout, pour Ann Linde, la Suédoise (© NGV / B2)
C'est le temps des au-revoir. Entre le (jeune) Slovène Anze Logar et le (senior) Haut représentant Josep Borrel, le dernier à partir. La complicité n'est pas feinte. Le courant semble bien passer. Et pourtant ils sont situés à des bords politiques bien opposés. La magie des informelles européennes... (© NGV / B2)
Le ballet des voitures emportant les ministres est un art précieux. Le nombre de voitures dépend de la taille de la délégation. La sécurité dépend de la personnalité à bord. L'Allemand Heiko Maas a droit à un traitement de faveur, avec un véhicule de sécurité roulant à sa hauteur, prêt à écarter tout importun. (© NGV / B2)

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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