Myanmar : coup de téléphone entre militaires européen et birman. Avec un conseil : arrêtez l’escalade
(B2) Le chef d'état-major de l'UE, le vice-amiral Hervé Bléjean, vient d'avoir une conversation téléphonique ce mardi (9 mars) avec le commandant en chef adjoint de l'armée birmane. Objectif : discuter de la situation du pays et appelez à la raison
Quoi de mieux pour parler à des militaires auteurs d'un coup d'état qu'un autre militaire. Le procédé peut paraitre logique. Mais jusqu'à présent, il était rare que la diplomatie européenne passe par ses propres militaires. Ou du moins, qu'elle le fasse savoir 'urbi et orbi' et rapidement. Les esprits évoluent…
Un coup de fil non anodin
Le général Soe Win n'est pas n'importe qui en effet. Vice-président du Conseil administratif d'État, c'est un haut gradé expérimenté. Chef du commandement régional 'Nord',en 2008, il a sous sa responsabilité l'État d Kachin. Puis en 2010, en tant que chef du bureau des opérations spéciales, il a supervisé les opérations anti-guérilla dans les États de Rakhine (où vit la minorité Rohinghas) et de Chin. Il occupe depuis 2011 le poste de numéro 2 de l'armée birmane (Tatmadaw), succédant au général Maung Aye.
Le rôle de l'armée : protéger la population pas jouer l'escalade
Il s'agissait du premier contact avec l'armée depuis le coup d'État du 1er février. Un coup d'état que l'UE « condamne dans les termes les plus fermes » faut-il rappeler. Profitant de ses (bons) contacts sur place, le vice-amiral Bléjean a donc « exhorté » les autorités militaires à « cesser immédiatement toute violence », à « faire preuve de la plus grande retenue » face aux manifestations, à « éviter de nouvelles victimes » et à respecter le droit international, selon le compte-rendu qu'en fait le communiqué du service diplomatique européen. « Le rôle de toute armée doit être de protéger la population » souligne le VAE Bléjean.
Rentrer dans les casernes et restaurer le régime civil
Autre demande du militaire européen : Il faut « restaurer la stabilité et la démocratie » sous un régime civil « légitime », notamment pour « éviter toute nouvelle détérioration de la situation socio-économique » déjà difficile. Le VAE Bléjean a aussi exhorté son homologue militaire à libérer les dirigeants démocratiquement élus du pays, notamment Daw Aung San Suu Kyi et U Win Myint, ainsi que tous les autres détenus politiques, et « d'engager un dialogue politique inclusif » avec toutes les parties.
(Nicolas Gros-Verheyde)