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Treize militaires français tués au Mali dans un crash d’hélicoptères (v5)

(B2) Treize militaires français sont décédés lors d'une opération militaire au Mali dans la soirée du lundi 25 novembre 2019, a annoncé l'Élysée dans un communiqué publié ce mardi matin, « lors d'une opération de combat contre des djihadistes » dans le Liptako malien

Les 13 militaires décédés (Crédit : DICOD / EMA)

Les six officiers, six sous-officiers et un caporal-chef décédés appartenaient principalement au 5e régiment d'hélicoptères de combat (RHC) de Pau et au 4e régiment de chasseurs de Gap (faisant partie de la 27ème BIM brigade d'infanterie de montagne (cf. encadré). C'est une des plus graves pertes en nombre simultané de la France depuis l'embuscade d'Uzbin en Afghanistan, en 2008, qui avait coûté la vie à dix soldats.

Un crash entre deux hélicoptères

Selon les premiers éléments donnés par l'état-major des armées, mardi matin, c'est un accrochage entre les deux appareils — un Tigre et un Cougar — « évoluant à très basse altitude [qui] serait à l’origine de l’accident ». Les deux appareils participaient à « une opération d’appui aux commandos de la force Barkhane au contact de groupes armés terroristes ».

Une opération dans le Liptako malien

Engagés depuis plusieurs jours, au sol, les commandos militaires français « traquaient un groupe de terroristes, décelés quelques heures plus tôt, qui évoluaient en pick-up et à motos ». Très rapidement, des hélicoptères ainsi qu'une patrouille de Mirage 2000, ont été appelés à la rescousse.

Un appui aérien

L'hélicoptère Cougar, avec à son bord six commandos de montagne et un chef de mission, a été engagé « pour coordonner l’ensemble des moyens, tout en étant en mesure d’intervenir pour assurer « l’extraction immédiate » d’un élément au sol ».

La collision vers 19h40

Vers 19h40, « durant la manœuvre destinée à préparer l’engagement de l’ennemi », l’hélicoptère Cougar et un Tigre sont entrés en collision, « s’écrasant à courte distance l’un de l’autre ». Sans laisser l'ombre d'une chance à ses occupants. Aucun militaire n'a pu être sauvé. « Une opération de secours et de sécurisation de la zone d’accident est en cours. De nombreux moyens de la force Barkhane sont encore engagés » indique l'état-major des armées. Les circonstances exactes de la collision ne sont pas encore connues.

Réactions politiques

L'entière confiance du président Macron

Le président de la République, Emmanuel Macron, a tenu à « saluer avec le plus grand respect la mémoire de ces militaires de l'armée de terre [...] tombés en opération et morts pour la France dans le dur combat contre le terrorisme au Sahel ».

Il salue aussi « le courage des militaires français engagés au Sahel et leur détermination à poursuivre leur mission » et assure les militaires engagés dans l'opération Barkhane de « son entière confiance ». Quant à la ministre des Armées, Florence Parly, elle a « assuré [les] familles endeuillées que l'institution militaire est à leurs côtés dans cette épreuve ».

L'Europe toute entière est en deuil

Très vite, les réactions sont tombées a Bruxelles. L'Union européenne a adressé « ses plus sincères condoléances aux familles des militaires français, engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel » a indiqué la porte-parole de Federica Mogherini, la Haute représentante de l'UE, contactée par B2. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a également réagi comme  la présidente élue de la prochaine Commission, Ursula von der Leyen. Lire article séparé

(NGV)


Treize militaires tombés au champ d'honneur

Les treize militaires morts au combat sont les deux membres d’équipage du Tigre du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau (5e RHC), les cinq membres d’équipage du Cougar (5e RHC également), quatre opérateurs du Groupement commandos montagne (GCM) du 4e Régiment de chasseurs de Gap (4e RCH), un opérateur GCM du 93e Régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) et un opérateur GCM du 2e Régiment étranger du génie (2e REG).

La ministre des Armées Florence Parly a donné, dans un communiqué, leurs identités que B2 se permet donc de refléter :

  • Le capitaine Nicolas MÉGARD, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le capitaine Benjamin GIREUD du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le capitaine Clément FRISON-ROCHE du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le lieutenant Alex MORISSE du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le lieutenant Pierre BOCKEL du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • L’adjudant-chef Julien CARETTE du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le brigadier-chef Romain SALLES de SAINT PAUL du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau
  • Le capitaine Romain CHOMEL de JARNIEU du 4e régiment de chasseurs de Gap
  • Le maréchal des logis-chef Alexandre PROTIN du 4e régiment de chasseurs de Gap
  • Le maréchal des logis Antoine SERRE du 4e régiment de chasseurs de Gap
  • Le maréchal des logis Valentin DUVAL du 4e régiment de chasseurs de Gap
  • Le maréchal des logis-chef Jérémy LEUSIE du 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces
  • Le sergent-chef Andreï JOUK du 2e régiment étranger de génie de Saint-Christol

NB : Le lieutenant Pierre Bockel, l'un des deux pilotes du Cougar impliqué, est le fils du sénateur Jean-Marie Bockel, notamment ancien ministre (socialiste) de François Mitterrand, en charge du Commerce (1984-1986) et ancien secrétaire d'Etat (UDI) des Anciens combattants (2008-2009) et à la Francophonie de Nicolas Sarkozy (2007-2008). Très impliqué dans les questions de défense.

(NGV avec RM)


Mis à jour le 26.11, à 11h avec les précisions de l'état-major, les noms et origines des soldats décédés, à 12h30 et 15h30 avec les premières réactions européennes (F. Mogherini, J.-C. Juncker, U. von der Leyen), et 17h (fils Bockel).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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