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Méditerranée centrale : les garde-côtes libyens assurent la moitié des sauvetages

(B2) Selon les dernières données de l'opération Sophia, 10.137 personnes ont été secourues au total lors de 153 opérations de sauvetage menées par différents navires en Méditerranée centrale au large des côtes libyennes, en quasiment un an (entre le 1er septembre 2018 et le 2 août 2019). Un chiffre en baisse drastique par rapport à 2018. Il y avait eu 41.961 personnes récupérées lors de 543 opérations de secours, durant la même période en 2018, soit quatre fois plus.

Le poids des ONG dans les secours a diminué avec, en parallèle, la montée en puissance des garde-côtes libyens (crédit : Sea Watch)

Si on prend une période de six mois (décembre 2018 - mai 2019), on observe un chiffre de 4947 personnes récupérées. Soit une baisse similaire de 75% par rapport à la période identique en 2017-2018.

La moitié des opérations de sauvetage assurées par les garde-côtes libyens

Les opérations de sauvetage et les interceptions durant ces onze derniers mois ont été en grande partie assurées par la marine et les garde-côtes libyens qui ont assuré presque la moitié des sauvetages : 72 opérations (sur 153). La Garde côtière libyenne (LCGPS) a « énormément accru sa capacité de sauvetage » selon la Commission européenne. En 2018 (janvier à novembre), les garde-côtes libyens ont sauvé 14.795 migrants, un chiffre plus de deux fois supérieur à celui de 2017.

Le reste des sauvetages par Italie, Malte, Tunisie et les ONG

Les navires italiens (des garde-côtes, de la marine et de la Guardia di Finanza, des Carabinieri) assurant avec les forces armées maltaises (respectivement 21 et 18 opérations) un quart des sauvetages. Tandis que le dernier quart des sauvetages se répartit entre les navires des ONG (17 opérations), des navires marchands (13 opérations) et des navires de pêche (3 opérations), ainsi que les forces tunisiennes (9 opérations).

Le retrait européen

On peut noter une absence quasi-totale des navires européens dans ces opérations de secours. Cela ne tient pas au hasard, mais à une politique délibérée. Depuis juin 2017, les Européens se sont peu à peu mis en retrait des opérations de secours, du moins en première ligne, n'assurant que « la seconde ligne » comme l'a expliqué l'amiral Credendino, commandant de l'opération, aux ambassadeurs de l'UE, cet été. Ce afin que « la garde côtière et la marine libyennes puissent progressivement assumer toutes leurs compétences dans la zone de responsabilité ». L'opération Sophia se concentre désormais « sur le renforcement des capacités libyennes » et la fourniture de matériel (lire sur B2 Pro : Les méthodes des passeurs s'affinent. L'action des garde-côtes libyens se renforce).

Le poids plus limité des secours par les ONG

Le poids des secours assuré par les ONG, malgré leur médiatisation extrême, reste donc très limité : environ 10% des opérations de sauvetage mais seulement 5% des personnes recueillies. Il est en nette diminution du fait de l'attitude italienne (partagée par Malte et l'ensemble des pays européens) de limiter leur présence sur place. 5.200 personnes avaient été recueillies dans les six premiers mois de 2018 contre 400 dans les six premiers mois de 2019.  Quant aux navires marchands, leur action aussi s'est largement réduite : un seul groupe d’une centaine de personnes sauvetés au large des côtes libyennes dans les six premiers mois de 2019, alors qu’ils avaient secouru plus de 1300 personnes au cours des six premiers mois de 2018.

(NGV)


Une route deux fois plus mortelle qu'en 2018

Au cours du premier semestre 2019, 333 décès sur l’itinéraire central ont été enregistrés pour 2130 arrivées. Soit un taux de mortalité de un sur six, contre un sur 14 personnes en 2018 (1132 décès pour 15.537 arrivées) et un pour 38 en 2017 (2851 décès pour 108.255 arrivées).


 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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