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L’élection des présidents de la Commission européenne : le ‘mieux élu’ et le plus mal élu ? (V2)

Romano Prodi a été un des présidents les mieux élus (crédit : Commission européenne 2002, archives B2)

(B2) Depuis que le système de validation par un vote du président de la Commission européenne existe, le candidat élu a connu des scores différents

Les règles de vote ont changé au fil du temps, le Parlement européen gagnant en puissance au fil des modifications du traité. Le traité de Maastricht instaure le principe d'un vote de confiance obligatoire, mais à la majorité simple. Le traité de Lisbonne renforce le vote le faisant passer à la majorité absolue.

Première phase : majorité simple

En 1994, le Luxembourgeois Jacques Santer passe au ras des pâquerettes, avec 260 voix pour, 238 voix contre et 23 abstentions (567 députés). Il paie la mauvaise humeur des eurodéputés qui manifestent contre le veto britannique contre le Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene.

En mai 1999, l'Italien Romano Prodi est élu avec une large majorité 392 voix pour, 72 voix contre et 41 abstentions (626 sièges).

Deuxième phase : la majorité absolue

En juillet 2004, le Portugais José-Manuel Barroso est élu avec 413 voix sur 711 suffrages exprimés : 251 contre, 44 abstentions et 3 nuls (732 sièges, 367 voix nécessaires).

En septembre 2009, José-Manuel Barroso est élu avec 382 voix pour sur 718 suffrages exprimés : 219 voix contre et 117 abstentions (736 sièges).

En juillet 2014, Jean-Claude Juncker est élu avec 422 voix pour sur 729 suffrages exprimés : 250 contre, 47 abstentions, 10 votes non valides (751 députés, 376 voix nécessaires).

En juillet 2019, Ursula von der Leyen est élue avec 383 votes sur 733 votes exprimés (51,3%) : 327 Contre, 22 Abstentions et 1 bulletin nul (751 inscrits sur un effectif de 751 membres, 374 voix nécessaires)

Le meilleur élu et le moins bien...

Depuis le traité de Maastricht, le mieux élu a été Romano Prodi (62,6% en ratio de majorité absolue) et le moins bien élu est Jacques Santer (qui n'a que 45,8% en ratio de majorité absolue et n'aurait donc pas été élu dans le système actuel).

De façon plus récente, c'est José-Manuel Barroso I qui est le meilleur élu en 2004, devançant de peu Jean-Claude Juncker en 2014 (respectivement 56,4% et 56,2% des membres). Le plus mal élu est le même José-Manuel Barroso, à son second mandat en 2009, qui passe la rampe de justesse (51,9% des membres). Un score identique ou inférieur ne serait pas pour Ursula von der Leyen un très bon signe indiquait-on au moment de la rédaction de l'article. Le score a été en effet inférieur : 51,3%.

En résumé : du mieux élu au moins bon

(Nicolas Gros-Verheyde)


La règle de la majorité absolue

Pour rappel, le Parlement doit approuver le nouveau Président de la Commission à la majorité absolue (la moitié des députés en fonction, plus un) des « membres ». C'est-à-dire des députés enregistrés à ce moment-là. L'effectif 'théorique' n'est pas toujours atteint, soit parce qu'un député n'a pas reçu la validation de son élection dans son État membre (c'est le cas pour les députés indépendantistes catalans aujourd'hui), soit en cas de remplacement (le nouvel arrivé n'est pas encore là tandis que le partant est déjà parti). Aujourd'hui le nombre de députés présents est de 747 membres (sur un effectif théorique de 751), soit un seuil fixé à 374 députés.


Mis à jour le 16.7 à 19h45 avec les résultats des votes au Parlement européen

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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