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Les États-Unis accusent l’Iran d’action militaire dans le Golfe

(B2) Le Pentagone a publié vendredi (14 juin) une vidéo montrant un canot pneumatique au pied d'un navire. Pour les Américains, c'est clair, il s'agit de Gardiens de la révolution iraniens en train de retirer une mine. Une preuve de plus, selon eux, de l'implication de l'Iran dans les incidents survenus jeudi (13 juin) dans le Golfe persique

Un navire des gardiens islamiques de la révolution après avoir enlevé une mine (Crédit : US CentCom)

Deux pétroliers, un tanker norvégien, le MT Front Altair, et un tanker japonais, le MT Kokuka Courageous, ont été victimes, tour à tour, jeudi (13 juin), d'une explosion à bord, d'origine inconnue. Le récit officiel fait par l'US CentComm qui assure le commandement des opérations au Moyen-Orient joue certes la transparence. Mais il apparaît incomplet et truffé de quelques incohérences.

Le récit des évènements par les Américains

Les forces navales américaines de la région reçoivent, jeudi (13 juin), deux appels de détresse distincts : un à 6h12 (heure locale), en provenance du MT Front Altair, puis un second à 7h du MT Kokuka Courageous. Les deux navires se trouvent alors dans les eaux internationales du golfe d'Oman, à environ 10 milles marins l'un de l'autre. Le destroyer américain USS Bainbridge (DDG-96) est, lui, à environ 40 milles marins de l’Altair au moment de l’attaque. Dès l'appel de détresse, il se se dirige vers la zone.

À 8h09, un aéronef américain observe un navire de patrouille des gardiens de la révolution (IRGC) de la classe Hendijan et de nombreux engins d'attaque rapides (FAC / FIAC) dans le voisinage du MT Altair.

À 9h12, un aéronef américain voit la FAC / FIAC tirer hors de l'eau un canot pneumatique appartenant au MT Altair.

À 9h26, les Iraniens demandent au cargo Hyundai Dubai, qui s'était porté au secours des marins du MT Altair, « de remettre l'équipage aux FIAC iraniennes. Le navire se conforme à la demande et transfère l'équipage aux FIAC iraniennes. »

À 11h05 (soit plus de 4 heures après la seconde alerte), l'USS Bainbridge s'approche du remorqueur néerlandais Coastal Ace, qui a récupéré les 21 marins de l'équipage du MT Kokuka Courageous, ayant abandonné leur navire après avoir découvert une mine-ventouse non explosée sur la coque. Le patrouilleur Hendijan « semblait tenter de rejoindre le remorqueur Coastal Ace avant le USS Bainbridge. C'est cependant ce dernier qui secourt finalement les marins à la demande du capitaine du MT Kokuka Courageous. »

À 16h10, un patrouilleur du Corps des gardiens de la révolution (IRGC) s'approche du MT Kokuka Courageous et « est observé et enregistré en train d’enlever la mine-ventouse non explosée du navire ».

Commentaire : Cette transparence est pour le moins peu courante. Les gouvernements n'ont pas pour habitude de fournir aussi rapidement des extraits de vidéos et de photos. Soyons clairs. Ces images ne montrent pas d'implication directe des Iraniens dans la pose des mines ou dans l'attaque contre les navires. Ils montrent des navires iraniens venant, après coup, assurer ce qu'on peut appeler une opération de secours et de sécurisation. On peut se demander notamment pourquoi les marins américains ne sont pas intervenus plus tôt pour examiner le navire et retirer la mine, en laissant faire les Iraniens.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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