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Viorica Dancila, le petit caniche de Donald Trump qui trahit l’esprit européen

(B2) Le propos de la Première ministre roumaine, Viorica Dancila, à Washington annonçant le déplacement de l'ambassade roumaine à Jérusalem (lire : Le gouvernement roumain annonce le déménagement de son ambassade en Israël. Un ‘see you soon à Jérusalem’ qui embarrasse) est un acte grave. Une trahison de la lettre et de l'esprit d'une présidence de l'Union européenne.

La Première ministre saluant son auditoire de l'AIPAC (crédit : PM Roumanie)

Une rupture grave de la solidarité européenne

Cet acte est grave. Il révèle une trahison multiple. D'une part, la Première ministre annonce à l'étranger une décision comme actée. Ce qui suscite en Roumanie quelque remous. Le président étant, constitutionnellement, décideur en la matière. D'autre part, elle rompt délibérement une position commune européenne, maintes fois répétées, que ce soit par les ministres des Affaires étrangères ou les Chefs d'État et de gouvernement des '28' (1). Une position qui peut se résumer à un axiome : Jérusalem sera la capitaine de deux États, au terme d'un processus de paix, ou ne sera pas une capitale.

Une trahison du rôle de neutralité de la présidence de l'UE

Mais surtout, en tant que présidence de l'Union en exercice, la Première ministre roumaine outrepasse ses fonctions. Son propos devant les associations juives américaines était bien assuré (et présenté) en tant que 'présidence du Conseil de l'Union européenne en exercice'. Viorica Dancila aurait dû avoir plutôt le courage d'exprimer la position européenne — le refus de déménager les capitales à Jérusalem tant qu'un accord de paix n'était pas conclu — et mettre sous le boisseau ses opinions, personnelles ou officielles. Le mot de clôture de son discours 'see you soon in Jerusalem' est de trop.

Un gentil toutou de Donald Trump

En faisant cela, elle a sans doute bien voulu se faire voir non pas seulement des Israéliens mais surtout de Donald Trump et du clan le plus dur des Républicains. Cet acte est une dérive grave et une trahison du rôle dévolu à la présidence de l'UE. V. Dancila a, de ce fait, perdu une bonne partie de sa crédibilité sur la scène européenne, et internationale.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) De façon explicite au sommet européen de décembre 2017 (lire : Jérusalem : au Conseil européen, les 28 réitèrent leur position).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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