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La menace poutinienne ou le retour d’expérience de Syrie ?

(B2) Devant l'assemblée fédérale russe, mercredi (20 février), le président russe a menacé assez directement les occidentaux. Mais l'essentiel n'est-il pas ailleurs ?

(photo : Kremlin)

Si les missiles américains sont déployés sur le continent européen, « la Russie sera obligée de créer et de déployer des armes pouvant être utilisées non seulement dans les zones directement menacées, mais également dans les zones comportant des centres de décision pour les systèmes de missiles qui nous menacent » lance un Vladimir Poutine un rien vindicatif. L'installation de « lanceurs en Roumanie et en Pologne » emportant des « missiles de croisière Tomahawk » créera une « menace sérieuse pour la Russie, car certains de ces missiles peuvent atteindre Moscou en seulement 10 à 12 minutes » (1). Mais, dans le même temps, l'homme fort du Kremlin lance un appel à « l'Union européenne » de prendre « enfin les mesures qui s'imposent pour rétablir les relations politiques et économiques avec la Russie ».

Le classique russe

Ce 'chaud et froid' est plutôt classique, dans le chef des dirigeants russes. Et le propos de Vladimir Poutine n'est ni plus ni moins celui que peuvent proférer les dirigeants russes depuis plusieurs années. S'en émouvoir et menacer de prendre des mesures de rétorsion est un jeu non seulement dangereux, mais ridicule. Etre conscient de la menace potentielle russe ne signifie pas se précipiter tête baissée dans tous les chiffons rouges agités au Kremlin...

Les innovations russes

L'élément essentiel de ce discours semble être ailleurs. On peut lire ainsi un long énumératif des différents projets de l'armée russe, notamment l'annonce de la mise au point d'un « missile hypersonique pouvant atteindre une vitesse de Mach 9 environ et toucher une cible à plus de 1000 km, sous l’eau et au sol ». Missile pouvant être lancé « à partir d’eau, de navires de surface et de sous-marins », précise Vladimir Poutine. De quoi atteindre, sûrement, le territoire européen.

L'expérience en Syrie : précieuse pour toute l'armée russe

Mais c'est surtout le retour d'expérience de la Syrie, qui mérite l'attention. « Nous continuons à développer nos forces armées et à améliorer l'intensité et la qualité de l'entraînement au combat, en partie grâce à l'expérience acquise lors de l'opération anti-terroriste en Syrie » précise le président russe. Et d'ajouter : « Pratiquement tous les commandants des forces terrestres, les forces d'opérations secrètes et la police militaire, les équipages de navires de guerre, l'aviation militaire, tactique, stratégique et le transport militaire ont acquis une grande expérience » écrit-il. Avis aux amateurs...

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Ce qui a amené l'OTAN à réagir, indiquant que ces missiles sont « uniquement défensifs ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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