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Brexit. Alain Lamassoure lance le mouvement du 29 mars

(B2) « Maintenant commence la vraie négociation. Il faut marquer notre fermeté et refuser toute prolongation » s'est exclamé aujourd'hui l'eurodéputé français Alain Lamassoure lors du débat sur le Brexit. Pour cet excellent spécialiste des affaires constitutionnelles européennes : « Le Parlement britannique ne peut pas négocier un traité international, c’est une plaisanterie ! »

Pas de prolongation sauf évènement grave

« S’il devait y avoir une prolongation, il faudrait un événement politique majeur au Royaume-Uni : démission de Theresa May, dissolution du Parlement, ou nouveau référendum dont la question devra être approuvée par l’actuelle Chambre des Communes. Et ce, avant la limite extrême du 30 juin. »

Le 29 mars c'est le 29 mars, version européenne du Brexit is Brexit

« Si l'UE accepte de retarder le Brexit sans motif politique précis au-delà du 30 juin, c'est l'Union européenne qui attrapera la gangrène britannique, parce qu'on en sortira jamais. Le 29 mars, c'est le 29 mars. Se fixer des dates claires est une règle d’or de la méthode communautaire. »

Pour l'Irlande, une solution : le groupement régional

Enfin, l'originaire de Pau a une idée : utiliser toutes les formules de coopération transfrontalière. « Nous devrions sérieusement étudier la formule du Groupement régional de coopération territoriale comme piste pour maintenir la coopération entre l’Irlande du Nord et la République d'Irlande, et sauver la face sur le problème insoluble de la frontière dure.  »

Commentaire : La tendance dure gagne du terrain

Ce propos n'est pas celui d'un homme isolé. C'est celui d'un connaisseur. Il trahit une tendance de fond qui semble gagner du terrain à Bruxelles et dans les capitales, lassées de l'incertitude britannique : la tendance dure.

Un délai rabougri ?

Certains chefs d'État et de gouvernement ne seraient prêts ainsi qu'à lâcher un mois de plus, soit jusqu'au 30 avril aux Britanniques. La tentation de Londres de repousser les délais sans cesse apparait de plus en plus comme une vaste entourloupe aux yeux des spécialistes. On peut s'interroger si la méthode 'May' consiste à de l'amateurisme pur ou une rouerie supplémentaire visant à aller jusqu'au bout du délai, du précipice, pour à la fois forcer l'adversaire interne et l'Union européenne au compromis. Mais il y a un fait qu'on ne peut ignorer : la locataire du Downing Street semble se faire quelques illusions sur l'esprit européen qui, au final, unit plus les Européens qu'il les désunit.

Un petit détail de procédure oublié

Elle a mal apprécié un (petit) point de procédure : la décision de repousser les délais du Brexit se prend à l'unanimité des '27' (selon l'article 50). Il suffit que deux ou trois Etats, plutôt centraux dans le processus de décision (France, Allemagne, Autriche, Belgique, etc.), ne soient pas d'accord et le fassent savoir ; la décision ne sera même pas mise aux voix. Résultat, le 29 mars restera le jour du Brexit.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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