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Un drone de l’OSCE détruit à l’est de l’Ukraine. Paris et Berlin pointent le doigt vers la Russie

(B2) Français et Allemands ont condamné, dans un communiqué commun publié ce jeudi (1er novembre), de manière très ferme la destruction d'un drone longue portée de l'OSCE par les Russes ou forces prorusses.

L'OSCE avait réintroduit les drones de longue portée fin mars (crédit : OSCE - archives B2)

Un drone détruit en zone rebelle

Un drone de longue portée de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine (MSOU) a, en effet, été détruit samedi dernier (27 octobre). L'incident s'est produit près de Nyzhnokrynske, à 66 km à l'est de Donetsk, dans une zone contrôlée par les rebelles, près de la frontière russo-ukrainienne. Les circonstances de la destruction ne laissent planer que peu de doutes sur l'auteur des faits, selon Paris et Berlin.

Le couple franco-allemand condamne fermement

Une destruction condamnée « fermement » par l’Allemagne et la France, membres du format Normandie. « Les responsables d’attaques perpétrées contre les personnels et les équipements de la MSOU doivent rendre des comptes » indique un communiqué commun de Paris et Berlin.

Un incident grave

Cette destruction est un « incident grave en claire violation du mandat de la Mission tel qu’adopté par l’ensemble des Etats participants de l’OSCE ». Elle constitue « un point culminant inadmissible » qui s'ajoute « aux interférences, intimidations et restrictions continues du travail des observateurs de la Mission, qui agissent comme les yeux et les oreilles de la communauté internationale sur le terrain ».

Une perte de contrôle dans la nuit du 26 au 27 octobre

La mission d'observation de l'OSCE avait perdu la communication avec son drone dans la nuit du 26 au 27 octobre, à 1h53 très exactement. La trajectoire de vol du drone est « soudainement devenue instable » raconte l'OSCE dans un rapport spécial. Ainsi, durant 30 secondes, le drone « a perdu son signal GPS, a augmenté subitement son altitude et a dévié de son cap, après quoi il a immédiatement commencé à s'effondrer, perdant rapidement de l'altitude ».

Un tir sur le drone

Selon une évaluation technique préliminaire faite par l'OSCE, « la cause la plus probable de l’incident » est que le drone a été frappé par « un impact » qui l’a détourné de sa trajectoire de vol, « a perturbé le système anti-brouillage et l’alimentation de la charge utile ». Ce qui avait probablement provoqué le crash de l’engin.

Le repérage d'un site sol-air cause de la destruction ?

Le drone avait décollé vers 22h03 vendredi (26 octobre) de son site de lancement à Stepanivka (à 54 km au nord de Donetsk, dans une zone contrôlée par le gouvernement). Le drone volait en vol stable « à une altitude d'environ 7000 pieds. Les conditions météorologiques étaient bonnes avec un ciel dégagé. » Peu avant sa destruction, vers 1h18, il venait de repérer un système de missiles sol-air (9K33 Osa) à l'est de Nyzhnokrynske. Et juste avant sa destruction il était en train de suivre un convoi de sept camions près de la frontière avec la Fédération de Russie. Deux évènements qui pourraient être la cause de la destruction selon Paris et Berlin.

La Russie et les rebelles pro-russes au banc des accusés

L'OSCE ne pointe le doigt sur personne. Mais Français et Allemands n'hésitent pas. « Les éléments réunis par la MSOU suggèrent que la Russie et les séparatistes qu’elle soutient sont responsables d’avoir pris pour cible et abattu le drone de longue portée, rendant la mission aveugle dans cette zone spécifique. »

Les drones de l'OSCE gênent

Un évènement loin d'être isolé, estiment de concert les diplomaties française et allemande : « Au cours des dernières semaines, les drones de la MSOU, tout en faisant l’objet de brouillages intenses, ont observé à plusieurs occasions des convois entrant sur le territoire ukrainien à travers un point de passage de la frontière non-officiel depuis la Russie vers l’Ukraine. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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