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L’engagement timide de la Commission européenne sur la liberté de la presse

(crédit : Commission européenne)

(B2) La réaction de la Commission européenne après la mort de Jan Kuciak en Slovaquie tient un peu du service minimum.

Un tweet du président de la Commission, une déclaration du vice-président de la Commission Frans Timmermans... (lire : Des réactions européennes, plutôt mesurées, après l’assassinat de Jan Kuciak (V2). Et on passe à la suite. Il est vrai que cet assassinat tombe en plein mélodrame interne. La Commission Juncker s'est empêtrée dans une affaire de promotion express du chef de cabinet du président, Martin Selmayr, au secrétariat général de la Commission, révélée par mon confrère de Libération... et n'arrive pas à s'en dépêtrer.

Une condamnation ferme

J'ai voulu en savoir un peu plus sur ce que la Commission comptait entreprendre concrètement pour assurer la protection des journalistes et des lanceurs d'alerte au-delà du rituel des condoléances. « Ce n'était pas seulement des déclarations de condoléances » m'a tout d'abord répondu le porte-parole en chef de la Commission, Margaritis Schinas. « C’étaient des déclarations de condamnation ferme. Ces actes ne sont pas compatibles avec le système démocratique, en Europe et au-delà de l'Europe ».

En faveur d'une législation pour les lanceurs d'alerte

Il a ensuite assuré que la Commission est  « très sensibilisée » à cette question. « Nous sommes en faveur d'une  législation qui protège les lanceurs d’alerte. » NB : Une belle déclaration d'intention qui tranche avec le certain flou qui régnait auparavant. Si le Parlement européen s'est exprimé à plusieurs reprises dans ce sens, notamment dans un rapport voté en octobre 2017, la Commission européenne était jusqu'ici plus que réservée, et davantage partisane du secret d'affaires que de la protection des lanceurs d'alerte.

Une vigilance et une attention à la protection des journalistes

Quant à la demande récente de plusieurs parlementaires d'une législation visant à faire cesser les procédures abusives (une autre de mes questions), c'est moins net. La Commission préfère afficher une détermination plus générale. « Nous serons très attentifs et très vigilants à la défense des journalistes et de leur liberté d’expression ».

(Nicolas Gros-Verheyde)


La fraude aux fonds européens en pointillé

Sur l'éventuelle fraude aux fonds européens engagée par des mafieux slovaques ou italiens, comme le révélait l'enquête posthume de Jan Kuciak (lire : Une infiltration jusqu’au coeur de l’Etat slovaque, l’enquête inachevée de Jan Kuciak), la Commission se réfugie derrière les « investigations judiciaires et policières qui sont en cours ». « On ne peut pas nous exprimer pour autant que le résultat ne soit pas connu ».


Sur le secret d'affaires et les lanceurs d'alerte :

 

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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