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Une belle auberge de jeunesse

Le Royaume-Uni qui ne fait pas partie de la Pesco frappe à la porte (Crédit : MOD Uk © Crown)

(B2) Ce devrait être une randonnée de haut niveau à travers la montagne, réservés aux plus endurants, pour gravir les pics les plus durs et former les autres.

La coopération structurée permanente (PESCO) pourrait virer, si on n'y prend pas garde, à la randonnée cyclotouriste qui se termine le soir autour d’un bon feu de camp, avec du vin chaud, des guitares et des tambourins... et une partie de tarot. L’essentiel n’est pas tant l’aspect sportif que de partager de bons moments, en ayant la certitude que le soir, vous attend un bol de soupe, des lits bien au chaud… même s’ils sont superposés, dans cette auberge de jeunesse dénommée "PESCO".

Tous les États se découvrent aujourd'hui la volonté de travailler ensemble autour de projets de la Défense. Quelques uns ont une réelle volonté d'aboutir à une intégration de haut niveau. Et ils sont volontaires. Mais ils sont rares. Certains ont traîné des pieds. Ils sont venus, par crainte d'être isolés, de ne pas faire partie du club. D'autres se sont dits que c'était un bon moyen d'obtenir des financements européens pour des projets à mener. Car, après tout, l'essentiel n'est-il pas de faire partie du groupe.

Comme dans une auberge de jeunesse, les activités sont très diverses : de la chaise longue à la randonnée en haute montagne, de la pétanque au parapente... Et il ne suffit pas de s'inscrire, il faut ensuite se lever à six heures du matin, le sac fait, pour participer, et surtout ne pas abandonner en cours de route, pour préférer revenir siroter un verre, sur la chaise longue, face à la télévision, en prenant un air exténué quand reviendront les compagnons de cordée, qui auront, eux, réellement sué.

Il ne sert à rien de nier cette réalité de ce qu'est devenu aujourd'hui la PESCO par rapport à ce qu'elle était dans l'esprit de ses initiateurs et dans la lettre du traité. Ce serait un déni. Maintenant il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse, se prévaloir de la trahison des principes fondateurs pour jeter le bébé avec l'eau du bain. Après tout dans les auberges de jeunesse, on peut voir se créer de formidables groupes d'amitié qui perdurent au-delà d'une randonnée et permettent de réaliser de grandes choses. Tout espoir n'est pas perdu...

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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