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Les combattantes françaises de Daech arrêtées en Irak seront jugées sur place (Le Drian)

Le ministre français des Affaires étrangères JY Le Drian avec son homologue irakien Ibrahim al-Jaafari (crédit : MAE France)

(B2 avec AFP) Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères en visite en Irak a insisté lundi (12 février) pour que les djihadistes français arrêtés en Irak y soient jugés. Le fait que la peine de mort figure toujours dans l'arsenal juridique irakien n'est pas un facteur suffisant pour justifier un rapatriement.

Deux Françaises ainsi qu'une Tchétchène demandant l'asile en France sont détenues dans la capitale irakienne pour avoir rejoint le groupe Etat islamique (EI) et sont en attente de procès. Elles risquent la peine de mort.

Des femmes qui ne sont pas venues faire du tourisme

"Ces femmes ont été des combattantes contre la France. Elles ne sont pas venues en Irak faire du tourisme. Elles sont venues en Irak combattre nos valeurs", a déclaré Jean-Yves Le Drian en marge d'une visite consacrée à la reconstruction de l'Irak. "Elles devront être jugées sur les lieux de leurs crimes, c'est-à-dire en Irak", a-t-il insisté en rappelant que seuls les enfants de jihadistes étaient susceptibles d'être rapatriés en France. "C'est vrai que la peine de mort existe en Irak mais elle existe aussi aux Etats-Unis. Ce n'est pas un cas spécifique", a-t-il relevé. La France a adopté la même position pour les jihadistes français arrêtés en Syrie.

Pas d'application de la peine de mort

Le ministre a toutefois précisé que la France faisait toujours savoir son opposition à la peine capitale et qu'il évoquerait la question avec le Premier ministre irakien Haider al-Abadi. "Comme chaque fois qu'un Français est potentiellement condamné (à mort), nous agissons de manière très forte pour faire connaître notre position. Mais pour l'instant la procédure n'a pas commencé" en Irak, a-t-il noté.

... mais pas de rapatriement en France

Cette position ne signifie pas un rapatriement en France, pour exécuter leur peine, si la peine capitale est prononcée. Au contraire... il s'agit plutôt d'obtenir des autorités qu'elles ne prononcent pas la peine de mort. La ministre de la Justice Nicole Belloubet avait ainsi assuré le 28 janvier, sur le plateau du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, que si des djihadistes français sont condamnés à mort en Irak ou en Syrie, la France allait négocier avec les autorités locales, sans expressément indiquer qu'ils seraient rapatriés en France. Le seul critère était l'existence d'un « procès équitable ».

Plusieurs dizaines de Français arrêtés en Irak ou Syrie dont des mineurs

Quelques dizaines de Français se trouvent actuellement dans des camps ou des prisons en Irak et en Syrie, comme l'avait déjà indiqué en début de semaine Jean-Yves Le Drian (lire : Une centaine de combattants djihadistes français aux mains des Kurdes (Le Drian)) Le point nouveau lâché par les autorités françaises — « une source proche du dossier » comme l'indique l'AFP – est l'existence dans ces camps de « plusieurs dizaines de mineurs ».

La France ne veut pas de rapatriement

Ce qui n'est pas vraiment une surprise. Environ 14.000 membres des familles ont été arrêtées au moment de la bataille de Mossoul et détenus dans un centre près de Mossoul, avait précisé l'ambassadeur d'Irak en Belgique, Jawad al-Chlaihawi interrogé par la radio-télévision belge RTBF en octobre. Celui-ci avait d'ailleurs expressément indiqué que « Certains pays d'origine ne veulent pas les recevoir. La France par exemple n'accepte que le rapatriement des enfants pour des considérations humanitaires. Mais pour les femmes adultes, ils nous disent : faites ce que vous voulez avec eux, selon la loi irakienne. »

 

Arrêtées après la chute de Mossoul

En Irak, six familles de jihadistes ont été signalées aux autorités françaises mais seules les trois femmes actuellement détenues à Bagdad ont été identifiées et localisées. Les femmes arrêtées en Irak l'ont été après la chute de Mossoul en juillet (2). L'une d'elles, 28 ans et originaire de la région lilloise, est partie en zone irako-syrienne en 2015 avec son mari, qui aurait été tué. Elle a été arrêtée avec sa fille, née sur place. Melina, 27 ans, originaire de Seine-et-Marne et partie en 2015, est détenue avec son enfant de quelques mois. Ses trois premiers enfants ont été rapatriés en décembre en France. Au titre de la protection consulaire, le consulat de France s'assure qu'elles sont détenues dans des conditions satisfaisantes et qu'elles bénéficieront d'un procès équitable.

(AFP, complété par NGV)

(1) Une position qui n'est pas théorique. Le 22 janvier, une Allemande a ainsi été condamnée à mort en Irak pour avoir rejoint l'État islamique, une première pour une femme européenne. En décembre, un Suédois d'origine irakienne avait été exécuté pour "terrorisme".

Rédaction de B2

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