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Macron met le holà à la Turquie

R.T. Erdogan et E. Macron à l'Elysée (crédit : Elysée)

(B2) Lors de son premier déplacement en France depuis le coup d'État de juillet 2016, le président turc Recep Tayip Erdogan a été cueilli à froid, le 5 janvier, par son homologue français. Emmanuel Macron n'a pas mâché ses mots. « Il est clair que les évolutions récentes et les choix ne permettent aucune avancée du processus engagé » vers l'adhésion à l'Union européenne a-t-il expliqué lors de la conférence qui a suivi a réunion. « Nous avons eu une discussion très franche sur ce sujet ». « Mais il est évident que nous devons sortir d'une progression naturelle vers l’ouverture de nouveaux chapitres est possible, ça n’est pas vrai. »

Un nouveau format de coopération

Et le président français de proposer un autre format de « coopération » pour les relations UE-Turquie. Le « dialogue [...] doit être repensé, reformulé dans un contexte plus contemporain et prenant en compte les réalités aujourd’hui qui sont les nôtres ». Un « travail exigeant » qui « doit être proposé dans les prochains mois » a-t-il prenant à témoin le président Juncker qui « a beaucoup travaillé sur ce sujet » (1). Ce « dialogue apaisé » devrait ainsi « permettre de construire une relation qui est essentielle à mes yeux à la fois pour nous-mêmes, pour la région et la stabilité, qui ancre la Turquie dans ce dialogue avec l’Union européenne ».

Commentaire : en fermant ainsi publiquement la porte à tout élargissement à l'ancien empire ottoman, Emmanuel Macron reprend la position de son prédécesseur Nicolas Sarkozy mais de façon plus ferme. On n'est plus dans la suspension de sa négociation ou même dans son arrêt mais dans sa transformation. Ce qui est ni plus ni moins un retour au principe de réalité. La négociation est aujourd'hui au point mort. Les Turcs ne font aucun effort. Et même s'ils en feraient la plupart des populations européennes ne semblent pas du tout prêtes à cet élargissement. La raison impose de rechercher d'autres modes de relation avec Ankara qui mérite un statut à part dans les voisins de l'Union européenne, notamment eu égard à son statut de membre de l'Alliance atlantique et de son positionnement stratégique, au bord de la Syrie et de l'Iran et aux confins du continent asiatique et du Moyen-Orient.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Une allusion au fait que certains au sein de la Commission voudraient bien poursuivre l'ouverture de nouveaux chapitres.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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