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Une visite light pour Trump. Objectif : ne pas ennuyer le grand chef

(crédit : US.gov)

(B2) Des paillettes, des poignées de main, du strass et du marbre... mais surtout pas trop de travail... Le déplacement de Donald Trump à Bruxelles, pour son premier sommet de l'OTAN à Bruxelles (rebaptisé "réunion spéciale"), a été étudié au millimètre près, pour ne pas mettre en défaut le nouveau président américain, et éviter au maximum les gaffes possibles de l'imprévisible président. Au programme, beaucoup de show, pas trop de travail, d'après ce que B2 a pu savoir auprès de sources bien informées.

Pas trop de séance de travail

Aucune séance de travail trop longue n'a ainsi été prévue. Explication : le président a du mal à se concentrer et, au bout d'une heure, il s'ennuie. En revanche, des repas ont été organisés. Explication : le président adore, cela va comme un gant, il est très mondain. Donc... dès son arrivée tard dans l'après-midi, première visite, très protocolaire, avec le Roi Philippe de Belgique.

...et des repas

Jeudi, le président américain aura un entretien avec les dirigeants de l'Union européenne, le Polonais Donald Tusk (Conseil européen) et le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (Commission européenne). Puis il déjeunera avec le président français Emmanuel Macron qui va bénéficier ainsi d'une véritable exclusivité qu'auront bien peu de dirigeants durant ce séjour. Et enfin un dîner réunira tous les leaders des 28 nations membres de l'OTAN. Ce sera la seule séance de travail. Et, entre la poire et le fromage, on décidera des grandes choses.

Sans oublier l'immobilier

L'évènement clou du déplacement devrait cependant être la visite du nouveau site de l'OTAN comme l'inauguration d'un mémorial avec une vraie pierre du mur de Berlin. Les derniers engins de chantier sont en train de quitter le site, les engins de nettoyage les remplacent, on lave les dernières vitres, les podiums de presse ont été installés. L'ancien propriétaire de la Trump Tower adore cela... le bâtiment. Cela lui rappelle son métier de chef d'entreprise. Tout a été revu au peigne fin (ou presque) pour que le président américain puisse admirer cette beauté architecturale. Nul doute qu'il va demander : combien ça coûte ? (NB : 1,1 milliard d'euros) et qui paie tout çà ...

La presse à l'écart

Enfin, aucune conférence de presse n'a été organisée pour éviter un pilonnage en règle par la presse et, surtout, une quelconque sortie improvisée du président imprévisible, qui mettrait par terre tout l'échafaudage diplomatique, savamment conçu. Lors de la rencontre au Palais royal belge, les Américains ont voulu « privilégier l'image » dixit un communicant royal. Et pas de place pour les journalistes « On a dû supprimer des rédacteurs pour faire plus de place aux caméras et photographes ».

Et le tweet ?

Il restera au président cependant un instrument : tweeter, qui a l'avantage de pouvoir balancer autant de vacheries que l'on veut sans risquer un retour de boomerang et évite de répondre aux questions... Comme le disait récemment (1) Steven Ekovich, de l'université américaine de Paris, « Quand quelque chose de sensé sort de la Maison Blanche, on peut être sûr que ce n’est pas Donald Trump qui l’a rédigé. Mais, après, il sort un tweet qui est sa pensée. » Avec ce procédé, « il ne menace pas les États-Unis il se menace lui-même et son parti ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Lors des rencontres de l'IHEDN à Paris, samedi 20 mai.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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