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Entendu au sommet de l’OTAN à Varsovie. Vrai ou faux ?

(B2 à Varsovie) Le sommet de l'Alliance atlantique qui s'achève à Varsovie est un « succès », les budgets de défense ont augmenté, la NRF a triplé sa force, la présence avancée bien que limitée joue son effet 'dissuasion'. Tout ceci est-il bien exact ?

Un sommet de l'OTAN se prépare en amont, ici en juin 2016 (Crédit : OTAN)

Un succès ?

Le « succès » final, tant vanté, est écrit d'avance. Car comme le rappelle un diplomate expérimenté, « il ne peut en être autrement ». C'est la loi écrite de tous les sommets de l'OTAN. L'intense préparation en amont évite normalement tout couac.

Les budgets de défense ont augmenté ?

Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'est réjoui de l'augmentation de 8 milliards d'euros des budgets de défense en Europe. Mais cela ne traduit qu'imparfaitement la réalité des chiffres. Dans les faits, on peut plutôt dire que la baisse est stabilisée, durablement. Et s'il y a une remontée en puissance des budgets militaires des États membres, dans le même temps, les Américains ont, en effet, augmenté leur budget de 15 milliards (en prix 2010). Autant dire que l'écart UE-USA s'accroit plutôt au lieu de se réduire.

La NRF a triplé sa force ?

13.000 hommes hier, 40.000 hommes demain. Les mathématiques parlent. Et le chiffre parait important. En fait, ce triplement est assez artificiel puisqu'en 2008, selon la documentation officielle de l'OTAN, la NRF comportait déjà jusqu'à 25.000 militaires. Il est vrai que cela restait très théorique. Cette NRF était alors surtout « réactive sur le papier » comme l'explique un gradé de l'Alliance.

Le déploiement en mer Égée est-il efficace ?

Difficile d'en juger. Pour l'instant, aucun bilan officiel n'a été communiqué. Dans les faits, il subsiste quelques soucis avec les Turcs qui souhaiteraient voir cette « présence » se terminer le plus vite possible.

La présence à l'Est : 4000 hommes seulement ?

Le chiffre est un peu minoré. Si on additionne les quatre bataillons terrestres (environ 4000 hommes) dans les trois pays baltes et en Pologne, le détachement aérien américain, une brigade blindée américaine qui se déploie en Pologne (3200 hommes), et les détachements aériens qui assurent en permanence la surveillance aérienne de la Baltique (Baltic Air Policy), le chiffre est bien supérieur à celui qu'affiche officiellement l’OTAN. On arrive plutôt à un total de 9-10.000 hommes. Une certaine 'pudeur' sans doute liée à l'accord OTAN-Russie qui réfute tout « stationnement permanent supplémentaire d'importantes forces de combat ».

... Et le football

Il n'y a pas que l'OTAN dans la vie, il y a le foot aussi ! « Mme Merkel a eu la délicatesse de m'adresser ses félicitations tard dans la soirée pour me dire qu'elle avait suivi le match et que l'équipe de France avait gagné, que c'était la meilleure qui l'avait emporté. Les joueurs allemands ont eu un comportement tout à fait admirable, les supporteurs aussi ont admis la défaite, ont été d'un calme exemplaire » a indiqué François Hollande.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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